Strasbourg: Racisme, grossophobie... Une marche contre les discriminations à l'intérieur de la communauté LGBT
MANIFESTATION•Dénoncer les discriminations au sein de la communauté LGBT, c’est le mot d’ordre de la marche des visibilités, Festigays, qui a lieu samedi 15 juin, à StrasbourgNils Wilcke
L'essentiel
- Les organisateurs de la Marche des visibilités, Festigays, prévue à Strasbourg samedi 15 juin veulent s’attaquer aux discriminations au sein de la communauté LGBT.
- Des internautes LGBT alsaciens dénoncent les insultes et les discriminations qu’ils subissent au quotidien de la part d’autres LGBT.
- Les applis de rencontre sont pointées du doigt.
Les agressions physiques envers les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans) ont atteint un niveau inégalé en 2018, signe d’une homophobie « de plus en plus violente » selon le rapport annuel de SOS Homophobie dévoilé le 14 mai dernier. Mais que se passe-t-il quand les discriminations ont lieu au sein-même de la communauté LGBT ?
Racisme, rejet en raison du poids (grossophobie), d’un look jugé efféminé ou parce que vivant avec un handicap ou le VIH… Les raisons qui poussent certains LGBT à rejeter leurs semblables ne manquent pas. Des propos d'autant plus douloureux que les LGBT sont déjà souvent victimes de discriminations au quotidien. C’est à ce thème délicat que s’attaquent les organisateurs de la Marche des visibilités à Strasbourg samedi 15 juin. Avec ce mot d'ordre – Mon corps n’est pas un second placard, inhabituel pour les « prides » françaises.
« Je me prends souvent des remarques dégueulasses »
« Le premier placard, c’est l’expression qui désigne ces gays, bi ou lesbiennes qui ne s’assument pas publiquement. Avec ce second placard, nous voulons dénoncer les comportements discriminants au sein de notre propre communauté », explique à 20 Minutes Matthieu Wurtz, président de Festigays, le collectif qui organise la marche strasbourgeoise.
C’est ce qui arrive fréquemment à Sébastien quand il se connecte sur les applis de rencontre homosexuelles. « Comme j’ai un handicap visuel, j’ai un gros strabisme à l’œil droit net. Du coup, je me suis déjà pris des remarques dégueulasses », affirme ce trentenaire. Ludovic, lui, se fait « très souvent » rejeter à cause de son poids : « Des fois, les mecs sont très chauds et d’un coup, ils ne répondent plus ou disent explicitement : "t’es gros" ». Une exclusion difficile à vivre qui « écorne la confiance » de ce jeune gay strasbourgeois.
« C’est un mécanisme d’exclusion pervers »
Ce type de rejets entre LGBT est-il fréquent ? Aucun chiffre officiel ne le confirme, mais il représente en tout cas « une partie des témoignages » recueillis par SOS Homophobie en Alsace l’année dernière. « C’est un mécanisme d’exclusion pervers, selon Floriane Varieras, co-déléguée de l’association sur le territoire, alors que ces applis sont des endroits où l’on pourrait s’attendre à trouver de la bienveillance, c’est tout le contraire qui se passe ».
Avec plus d’une trentaine de signalements faits à SOS Homophobie, l’Alsace ne fait pourtant pas partie des zones les plus touchées par les agressions et les actes discriminatoires remontés par l’association. Ce qui n’empêche pas les discriminations intracommunautaires de « pourrir la vie » des personnes touchées, observe Floriane Varieras. « Clairement, les applis de rencontre nourrissent ces agressions », affirme le président de Festigays, Matthieu Wurtz.
« Si la personne ne correspond pas à un idéal, par exemple un barbu bodybuildé, elle peut être violemment rejetée, assure-t-il. Une lesbienne peut se fait encore traiter de "camionneuse" dès lors qu’elle est un peu ronde et a les cheveux courts ». C’est aussi pour briser l’isolement des LGBT touchés pour ces comportements que la marche des visibilités a lieu tous les ans à Strasbourg, selon leurs organisateurs. Qui donnent rendez-vous samedi dès 14h place de l’Université pour « s’indigner ensemble » face à ces discriminations.