Lille: La mairie et la métropole citées à comparaître pour l’effondrement meurtrier d’une maison
JUSTICE•Le propriétaire d’un immeuble doit comparaître pour l’effondrement meurtrier qui avait coûté la vie d’une mère et son enfant, en 2014, mais aussi la mairie et la Métropole de LilleGilles Durand
L'essentiel
- En 2014, l’effondrement d’une maison à Lille-Fives provoquait la mort d’une mère et de son fils de 2 ans et demi.
- Le procès pour homicides involontaires doit avoir lieu au tribunal correctionnel de Lille, en juin.
- Le propriétaire de l’immeuble mais aussi la ville et la Métropole de Lille doivent comparaître à ce procès.
Le 1er septembre 2014, l'effondrement d'un immeuble, à Lille-Fives, provoquait la mort d’une jeune femme et de son fils âgé de 2 ans et demi. Près de cinq ans plus tard, cette affaire se retrouve devant le tribunal correctionnel de Lille, le 12 juin. Le propriétaire de l’immeuble, la Société civile immobilière (SCI) du Collège, soupçonné d’avoir loué un bâtiment insalubre, est poursuivi pour homicides involontaires par maladresse ou négligence.
Pourtant, elle ne sera pas la seule à devoir répondre aux questions des juges. La ville de Lille et la Métropole de Lille (MEL) ont été citées comme prévenues pour « destruction du bien d’autrui » dans ce dossier. « Il est anormal de faire reposer la responsabilité des deux décès sur le seul propriétaire de l’immeuble », assure Me Gilles Maton, avocat de la SCI.
La destruction d’une maison d’angle
C’est pourquoi ce dernier a demandé à la mairie de Lille et à la MEL « de venir s’expliquer devant le tribunal sur le rôle que des travaux ont pu jouer dans l’effondrement de cette maison ». Pour comprendre, il faut remonter en 1991 lorsqu’un véhicule s’était encastré dans la façade de la maison voisine, à l’angle de la rue Pierre-Legrand et de la rue Frémy. A la suite de cet accident, la mairie de Lille avait engagé une procédure d’arrêté de péril pour pouvoir détruire l’édifice qui menaçait de s’écrouler.
« Après la destruction de cette maison, c’est celle de mon client qui faisait, à son tour, office de pignon d’angle. Or, elle n’était pas conçue pour ça, précise Me Gilles Maton. Nous estimons que les travaux de confortement, réalisés en 1995, n’étaient pas suffisants et que l’ouvrage n’a pas, depuis lors, été entretenu correctement. »
« Les vibrations ont provoqué des fissures »
Deux points que confirment, en partie, des rapports d’experts que 20 Minutes a pu consulter. L’ouvrage de consolidation reposait notamment sur une voûte « de l’épaisseur d’une brique » au-dessus d'« une cavité de 1,60 m remplie d’eau ».
Pour l’avocat, l’effondrement peut aussi s’expliquer par des travaux publics à l’initiative de la MEL dans des rues mitoyennes. Travaux qui ont duré un an et se sont terminés deux mois avant l’effondrement. « Les vibrations ont provoqué des fissures chez certains voisins », affirme l’avocat, témoignages de riverains à l’appui.
L’avocat espère ainsi obtenir la relaxe de son client. De leur côté, la ville de Lille et la MEL n’avaient pas été mises en examen en dépit des éléments fournis au juge lors de l’instruction. Les deux collectivités risquent, néanmoins, une condamnation. Contactées par 20 Minutes, aucune des deux n’a souhaité s’exprimer.