Nice: Après une manifestation, trois pompiers condamnés à six mois de prison avec sursis
JUGEMENT•Les trois pompiers ont également écopé d’une amende de 3.000 euros pour entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique » et « dégradation » ou « complicité de dégradation de bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes ». Un quatrième pompier a également été condamnéMathilde Frénois (avec F. B.)
L'essentiel
- Le 22 février 2016 à Nice, une manifestation de pompiers avait quitté l’itinéraire autorisé par la préfecture.
- Le cortège avait fait irruption sur l’autoroute A8 où des pneus, des fumigènes et des pétards très puissants avaient été enflammés, provoquant, en plus d’une interruption du trafic de plusieurs heures, des dégâts.
- Huit participants avaient aussi été blessés plus ou moins grièvement notamment à cause d’une explosion déclenchée sous un pont.
Ils se sont présentés à la barre en tenue de travail. Quatre pompiers ont été condamnés ce mercredi par le tribunal correctionnel de Nice. Les trois coorganisateurs d’une manifestation qui avait dégénéré en 2016 (le président, le vice-président et le trésorier du syndicat SPP-PATS) ainsi qu’un autre soldat du feu des Bouches-du-Rhône qui y avait participé. Trois d’entre eux ont écopé de six mois de prison avec sursis et 3.000 euros d’amende. Le dernier à trois mois d’emprisonnement avec sursis et une amende de 1.500 euros. Des condamnations moins lourdes que les réquisitions : le parquet avait requis neuf à douze mois de prison avec sursis à leur encontre.
Ils étaient poursuivis pour « entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique » et « dégradation » ou « complicité de dégradation de bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes ».
« Aucune intention de nuire »
Le 22 février 2016 à Nice, une manifestation de pompiers (ils étaient entre 450 et 650), en tenue de feu, avait subitement quitté l’itinéraire autorisé par la préfecture. Le cortège avait fait irruption sur l’autoroute A8 où des pneus, des fumigènes et des pétards très puissants avaient été enflammés, provoquant, en plus d’une interruption du trafic de plusieurs heures, des dégâts. Huit participants avaient aussi été blessés plus ou moins grièvement notamment à cause d’une explosion déclenchée sous un pont.
A la barre, les prévenus se sont défendus d’avoir « commandé » ces débordements. « Nous n’avions aucune intention de nuire, a répété André Goretti, le président départemental et national du SPP-PATS, le plus important syndicat de la profession. Nous voulions juste faire comprendre au préfet qu’il n’était plus possible de travailler dans ces conditions. »
« Un mal-être »
Le représentant de l’Etat dans les Alpes-Maritimes d’alors, Adolphe Colrat, leur avait refusé la diminution de leur nombre de gardes de 24 heures de 94 à 81. Ce nouvel aménagement de leur temps de travail, entériné par le président du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis), avait également été retoqué par le tribunal administratif de Nice.
Ce mercredi après-midi, près de cent pompiers avaient fait le déplacement devant le palais de justice de Nice pour soutenir leurs collègues : « C’est une atteinte au droit d’expression, estime l’un des pompiers condamnés André Goretti. Il y a un mal-être dans notre professin et on n’a plus les moyens de l’exprimer. Mais pas question pour nous de courber l’échine. » André Goretti est le président de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers. Il envisage sérieusement d’interjeter appel : « C’est une possibilité, confirme son avocat Me Jean-Raphaël Demarchi. En toile de fond, on retrouve la défense du syndicalisme, l’opposition avec l’ancien préfet Colrat et les conditions de travail. » Les quatre pompiers ont dix jours pour faire appel.