Accident à Millas: L'enquête estime que la défaillance de la conductrice est l’hypothèse la plus probable
ENQUETE•C’est ce que conclut le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre à l’issue de ses investigations20 Minutes avec AFP
Le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a estimé vendredi que « le scénario le plus probable » de l’accident de Millas ( Pyrénées-Orientales) fin 2017, était une défaillance de la conductrice du car, qui n’a pas perçu que le passage à niveau était fermé.
Pour le BEA-TT, il n’y a pas eu de dysfonctionnement des équipements ferroviaires, et « la cause directe » de cet accident « est le non-arrêt de l’autocar au passage à niveau malgré les feux rouges clignotants et la barrière qui l’imposaient ». La très violente collision entre un autocar de ramassage scolaire et un TER avait fait six morts et 18 blessés graves -des adolescents- peu après 16h00 le 14 décembre 2017. Sous le choc, le car avait été coupé en deux.
Nombreuses manœuvres à cet endroit
Pour le BEA-TT, il n’y a pas eu de dysfonctionnement des équipements ferroviaires : le passage à niveau, sur la route départementale 612, a fonctionné correctement. Le Bureau d’enquêtes avance « plusieurs facteurs » à la défaillance de la conductrice, en particulier « la visibilité réduite de la signalisation lumineuse de position » -notamment celle du feu rouge clignotant de droite- et « l’arrêt des sonneries du passage à niveau au moment où les demi-barrières étaient abaissées ».
La conductrice de l’autocar, qui tournait à gauche juste avant d’arriver au passage à niveau, a pu ne pas bien voir les feux rouges car elle était absorbée par la manoeuvre dans le virage, tandis que « la demi-barrière du passage à niveau se trouvait (…) dans l’angle mort » et « n’était donc pas visible », selon le BEA-TT. Le passage à niveau est en effet coincé entre deux carrefours routiers, et « la succession importante de panneaux réglementaires imposée par l’infrastructure (…) nécessite une attention particulièrement soutenue de la part de tout conducteur empruntant le trajet ».
TER en retard
Au moment où l’autocar s’est engagé sur le passage à niveau à 12 km/h, le train était « à environ 90 m, à une vitesse d’environ 77 km/h ». La conductrice du train a alors klaxonné et actionné le freinage d’urgence. Or, il lui aurait fallu plusieurs centaines de mètres pour s’arrêter. Agée de 48 ans, la conductrice du car faisait ce métier depuis novembre 2016, et n’était pas au volant de son véhicule habituel le 14 décembre 2017. Si elle traversait ce passage à niveau six fois par jour, elle ne l’avait jamais vu fermé. Or, le TER avait quelques minutes de retard.
Le BEA-TT précise qu’elle avait pris un demi-comprimé de somnifère la veille au soir, mais ne s’attarde pas sur ce point. De même, indique-t-il, « l’hypothèse d’une demi-barrière du train fermée à l’arrivée de l’autocar est privilégiée » par ses enquêteurs, alors que la conductrice affirme « avoir porté son regard vers la voie ferrée et "ne pas avoir vu de barrière" ». Elle a dit qu'« elle aurait entendu le choc de l’autocar contre la barrière » si celle-ci avait été baissée, mais « n’a ressenti aucun impact ».