Grand débat national: La possible suppression de l'Ecole nationale de la magistrature inquiète élèves et professeurs
SUSPENSE•Personne ne semble vouloir confirmer ou infirmer l'annonce d'Emmanuel Macron qui prévoyait la fermeture de l’école bordelaise. Les élèves, forcément, sont inquietsClément Carpentier
L'essentiel
- Selon plusieurs médias, le président de la République envisage la fermeture de l’Ecole nationale de la magistrature installée à Bordeaux.
- Le ministère de la Justice et la direction de l’ENM ne souhaitent pas commenter « cette rumeur. »
- Du côté de certains professeurs et des élèves, il y a forcément un peu d’inquiétude.
«Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup », comme disait une certaine Martine Aubry. Ce sentiment, certains le partagent aujourd’hui quand on les interroge sur l’avenir de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM) à Bordeaux. Et pour cause. Alors que Les Echos annoncent que la suppression de celle-ci figure parmi les mesures prises par Emmanuel Macron à l’issue du grand débat national, il est impossible d’avoir une confirmation ou un démenti de cette information par les autorités. « J’ai vu cette rumeur », « Pas de commentaire », glisse-t-on du côté du ministère de la Justice ou du cabinet de la ministre, Nicole Belloubet.
Pendant ce temps-là, un membre du gouvernement affirme bien que cette grande école de l’administration est sur la sellette dans Le Parisien. Mais qu’elle ne sera pas supprimée. Nuance. Difficile donc de s’y retrouver : « Quand il y a ce genre de grandes annonces présidentielles comme c’était prévu lundi soir, il est possible que même la Garde des Sceaux ne soit pas prévenue en amont pour éviter un maximum les fuites » explique Guillaume Didier, ancien porte-parole du ministère de la Justice sous Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie.
Une rumeur que personne ne veut commenter
Ce qui laisse dubitatif cet expert en communication, c’est justement la non-communication des équipes du président depuis quelques heures : « Si c’était faux, l’Elysée aurait démenti tout de suite pour ne pas laisser se propager cette idée. Là, on laisse clairement planer le doute. Moi, je trouve ça bizarre. » Et ce n’est pas du côté de l’ENM qu’on y verra plus clair puisque la direction de l’école « refuse de commenter cette rumeur. » Les ordres sont les ordres. Pas question de rajouter à la cacophonie.
aPour trouver des langues plus déliées, il faut se tourner vers les professeurs et étudiants. Et là, c’est un peu la surprise : « J’ai vu ça. Ça me surprend quand on sait que les ministres passent leur temps à venir nous voir et à dire du bien de l’école. Ce serait une grave erreur de la supprimer ! », rappelle Marion. Cette magistrate pense que « l’on méconnaît énormément le recrutement d’une école comme l’ENM. »
Un tweet de l’école en réponse à Macron
D’ailleurs, ce mercredi midi, l’Ecole nationale de la magistrature s’est fendue d’un tweet loin d’être anodin pour rappeler le bilan de ses classes préparatoires « Égalité des chances. » Un dispositif qui « favorise les étudiants boursiers et ceux issus des quartiers politique de la ville et des zones de revitalisation rurale ». « Je ne suis pas du tout d’accord avec ce postulat de départ qui affirme que l’on est loin des gens et dans une reproduction des élites », lâche Jean-Baptiste, un étudiant en formation pour devenir juge d’instruction.
Il souligne à quel point « cette école est d’une grande qualité et permet par sa structure de garantir l’indépendance de la justice en France. C’est donc très inquiétant d’entendre parler de suppression. » Reste maintenant à patienter jusqu’à la prochaine prise de paroles d’Emmanuel Macron. D’ici là, l’ENM va continuer à former ses 1.000 étudiants (dont 50 % en reconversion professionnelle) car ce mercredi, les portes de l’établissement bordelais étaient bien encore grandes ouvertes…