PROCESPerpétuité requise au procès en appel d'Abdelkader Merah

Procès en appel d’Abdelkader Merah: Une peine de réclusion criminelle à perpétuité requise

PROCESLe verdict du procès en appel du frère du tueur au scooter sera rendu jeudi

L'essentiel

  • Abdelkader Merah est jugé, en appel, par la cour d’assises spéciale de Paris.
  • Il est accusé d’avoir été le complice de son frère, Mohamed, en 2012.
  • En première instance, il avait été condamné à vingt ans de réclusion pour « association de malfaiteurs » mais acquitté pour les faits de « complicité ».

Il y a simplement eu deux petits coups brefs dans le micro pour s’assurer de son bon fonctionnement. Et ils se sont lancés à corps perdu. Au terme d’un réquisitoire de plus de quatre heures, les deux représentants du ministère public ont réclamé, mardi, une peine de réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté à l’encontre d'Abdelkader Mérah. Il est jugé, en appel aux assises de Paris, pour « association de malfaiteurs terroristes » et « complicité » des assassinats perpétrés par son frère, Mohamed, en 2012 à Toulouse (Haute-Garonne) et Montauban (Tarn-et-Garonne).

S’il est acquis que le « tueur au scooter » a agi seul au moment d'abattre froidement des militaires et des juifs, Abdelkader a été, selon le substitut général, Frédéric Bernardo, « son frère modèle, son frère mentor, son frère sachant, son frère enseignant » dans cette entreprise. La formule du magistrat ne doit rien au hasard. Il sait bien que, lors du procès en première instance, Abdelkader Merah a été condamné à vingt ans de réclusion pour « association de malfaiteurs », mais acquitté du chef de « complicité » faute de preuves. Il sait surtout que trois semaines de procès en appel n’en ont pas apporté davantage pour caractériser le fait qu’Abdelkader a apporté « aide ou assistance », voire une « une entente secrète », au projet terroriste de son frère.

Les vidéos sanglantes à côté des films de Disney

Faute de moyen pour aller droit au but, le parquet général a choisi, cette fois-ci, d’encercler méthodiquement l’accusé à la barbe fournie pour mieux convaincre la cour d’assises de ne pas le laisser échapper à une lourde condamnation. Première pierre dans son jardin ? Sa bibliothèque, témoin de « son obnubilation pour la chose religieuse et les armes ». La seconde ? Sa tablette Archos sur laquelle les enquêteurs ont trouvé des vidéos sanglantes à côté de films de Disney tels que Shrek. Et il y a aussi ses voyages en Egypte qui, comme son frère, témoignent de son attachement au « salafisme terroriste ».

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Le contexte étant posé, Frédéric Bernardo a pu enchaîner aisément avec les jours tragiques qui ont précédé les assassinats de Mohamed Merah. Il y a d’abord le vol du scooter T-Max lors duquel Abdelkader a reconnu avoir été présent. Il y a aussi le blouson de motard qu’il a offert à son frère. Il y a surtout la connexion sur l’annonce Le Bon Coin qui a mené Mohamed Merah à sa première victime, Imad Ibn Ziaten. ​

« Une communauté d’esprit, de projet et d’action entre les deux frères »

Sept ans plus tard, il est toujours impossible de savoir exactement qui s’est branché sur le boîtier Free de Zoulikha Aziri, la mère des deux frères. Mais « des éléments suffisent à se convaincre intimement [qu’Abdelkader Merah] est à l’origine de [cette] connexion », estime Frédéric Bernardo, après avoir évacué toutes les autres possibilités.

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Cela ne fait toujours pas le début d’une preuve. Mais égrainant les jours sanglants, le substitut rappelle que les deux frères avaient rédigé leur testament, commencé à se camoufler et à s’organiser ensemble. « Cette chronologie caractérise une communauté d’esprit, une communauté de projet et une communauté d’action entre les deux frères », estime encore le substitut général. Son collègue avocat général, Rémi Crosson-du-Cormier, résume alors leur pensée : « [Abdelkader Merah] n’est pas le lot de consolation. Il n’est pas dans le box des accusés parce que son frère est mort. Il en est le complice ! »

Ses avocats auront la parole, mercredi, pour le défendre. Tout comme ceux de Fettah Malik, accusé, lui, d'avoir vendu les armes à Mohamed Mérah et contre lequel une peine de 15 à 20 ans de réclusion a été requise. Le verdict est attendu jeudi dans la journée.