Geneviève Legay: Le procureur de la République de Nice sommé de s’expliquer sur l’affaire
ENQUETE•Le procureur général d’Aix-en-Provence a été saisi par le ministère de la Justice pour qu’il convoque Jean-Michel Prêtre20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Le ministère de la Justice exige des explications de la part du procureur de Nice mis en cause dans sa gestion controversée de l’affaire Geneviève Legay.
- Le parquet de Nice est notamment mis en cause pour avoir décidé de confier l’enquête sur les blessures de la manifestante à la compagne du commissaire chargé du dispositif le 23 mars dernier.
Il va devoir rendre des comptes. Le ministère de la Justice exige des explications de la part du procureur de Nice mis en cause dans sa gestion controversée de l’affaire de la militante Geneviève Legay, blessée les 23 mars lors d’une manifestation.
La direction des services judiciaires du ministère « a saisi officiellement [vendredi] soir le procureur général d’Aix-en-Provence afin de convoquer » Jean-Michel Prêtre pour qu’il s’explique sur « un certain nombre de faits et notamment l’affaire Geneviève Legay », a précisé la Chancellerie. « Un retour rapide est attendu » au terme de cette convocation.
« La ministre appréciera les suites à donner »
Geneviève Legay, militante d’Attac âgée de 73 ans, a eu plusieurs côtes cassées et des fractures au crâne, lors d’une charge de policiers pour disperser une manifestation interdite de « gilets jaunes » à Nice. Après avoir affirmé le contraire, le procureur avait finalement indiqué le 29 mars qu’elle avait été poussée par un policier.
« Au vu de l’analyse du procureur général et des explications de l’intéressé, la ministre Nicole Belloubet appréciera les suites à donner », a-t-on ajouté de même source.
Dans cette affaire, le parquet de Jean-Michel Prêtre est mis en cause pour avoir décidé de confier l’enquête sur les blessures de la septuagénaire à la Sûreté départementale dont la cheffe est la compagne du commissaire chargé du dispositif ce jour-là.
Pour ce possible conflit d'intérêts, le procureur a répondu qu’il était au courant de ce choix et que l’enquête avait été « bien menée » tandis que le procureur général a estimé qu’une telle décision n’était « pas illogique ».
Une demande de dépaysement de l’enquête demandée
L’enquête sur les blessures de la militante a été confiée le 29 mars à des juges d’instruction de Nice, saisis d’une information judiciaire pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ». L’avocat de la militante Geneviève Legay, Me Arié Alimi, en a sollicité le dépaysement.
Après avoir refusé une première demande, le magistrat Robert Gelli a transmis jeudi une requête en ce sens au procureur général près la Cour de cassation. La plus haute juridiction judiciaire devra se prononcer.