Accident à Millas: La conductrice du bus a-t-elle pris un médicament incompatible avec la conduite?
ENQUETE•Le drame a causé la mort de six collégiens, en décembre 2017N.B. avec AFP
L’enquête sur la collision entre un bus scolaire et un train en décembre 2017, à un péage de Millas (Pyrénées-Orientales), qui a causé la mort de six collégiens, se poursuit.
Ce jeudi matin, France Info indiquait que des pièces du dossier d’instruction de l’enquête mettraient en cause un médicament contre l’insomnie, qui aurait été pris par la conductrice du car. Selon la station, il serait fortement incompatible avec la conduite.
L’avocate des victimes souhaite la mise en examen du médecin
L’AFP indique de son côté qu’une avocate des familles endeuillées par l’accident mortel souhaite la mise en examen du médecin traitant de la conductrice, pour administration abusive d’un somnifère. Jehanne Collard a indiqué avoir demandé au juge d’instruction « qu’il demande au parquet un réquisitoire supplétif pour élargir l’information au médecin ».
Selon l’avocate, qui défend les familles de trois des six collégiens tués, le médecin porterait « une responsabilité pénale » pour avoir prescrit pendant deux ans ce somnifère à la conductrice. Le parquet n’avait pas été saisi jeudi, a affirmé le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, rappelant que la mise en cause du médicament, le Zopiclone, a « déjà été évoquée dans le dossier d’instruction ».
Une réponse de Sanofi
L’avocate des victimes avait déjà affirmé en décembre dernier que la conductrice prenait ce somnifère depuis sept ans. Elle a relancé l’affaire après une réponse sur la dangerosité du médicament adressée par son fabricant, Sanofi, au juge d’instruction.
Le procureur a rappelé que selon la notice transmise par Sanofi, la prise de la molécule « est déconseillée moins de 12 heures avant une activité nécessitant de la vigilance ».
Une « manipulation », pour l’avocat de la conductrice
Jean Codognès, l'avocat de la conductrice, mise en examen pour homicides et blessures involontaires par imprudence, a dénoncé une manipulation. « En diffusant ce genre d’informations, on essaie de mettre dans la tête des gens » que la conductrice a franchi le passage à niveau, alors que « les barrières étaient fermées, ce qu’à l’heure actuelle rien ne permet d’établir », a-t-il confié. Le procureur de Marseille avait indiqué en décembre qu'« en l’état de l’instruction », les expertises démontraient que la conductrice aurait franchi le passage alors que les « barrières étaient fermées ».
Selon l’avocat, la conductrice, qui a toujours indiqué que les barrières étaient levées, a affirmé avoir pris « un demi-comprimé à 20 h la veille » du drame. Une déclaration « plutôt corroborée par les traces relevées lors de l’analyse sanguine », a-t-il ajouté.