Affaire Thomas Langmann: «C’est ça le harcèlement, c’est tout ce qu’il a mis en œuvre pour me détruire»
PROCES•Le producteur de «The Artist» était jugé, ce mercredi, pour «harcèlement moral sur conjoint»Thibaut Chevillard
L'essentiel
- Thomas Langmann comparaissait ce mercredi pour « harcèlement moral sur conjoint ».
- Son épouse, Céline Bosquet, affirme qu’il lui a envoyé des centaines de messages menaçants et insultants.
- Le procureur a requis une peine de dix mois d’emprisonnement assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans.
- La décision sera rendue le 17 avril prochain.
Le président l’a rappelé à plusieurs reprises : il n’est pas juge des affaires familiales et l’audience qui s’est tenue, ce mercredi, devant la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, n’avait pas pour objet le divorce de Thomas Langmann et de Céline Bosquet. Du moins pas directement. Si le célèbre producteur s’est retrouvé, durant près de trois heures, à quelques mètres de sa future ex-femme, c’est parce qu’il était jugé pour « harcèlement moral » à son encontre. L’ancienne journaliste lui reproche de lui avoir envoyé nuit et jour, durant plusieurs mois, de nombreux messages insultants, voire menaçants. Au point que sa santé a été impactée.
La jeune femme brune à la silhouette filiforme, toute de noire vêtue, a raconté à la barre ce qui l’a poussée, en mars 2018, à franchir la porte d’un commissariat afin de déposer plainte contre le père de ses deux enfants. Des sanglots dans la voix, elle a évoqué les appels malveillants réitérés, les 1.500 messages reçus à partir de juillet 2017, alors qu’elle était enceinte de sa fille : « raclure », « psychopathe », « incapable », « merde humaine », « niçoise à talon compensée », « voleuse d’enfant ». Elle a « peur » de lui, de ses fréquentations. « C’est ça le harcèlement, c’est tout ce qu’il a mis en œuvre pour me détruire. Moi j’en peux plus, je voudrais juste que tout cela s’arrête. » Un jour, il lui a même envoyé plus de 900 SMS, s’étonne le président.
« Il m’avait promis de se soigner »
Pourquoi tant de haine alors qu’ils se sont tant aimés ? A l’été 2017, après quatre années de vie commune, Céline Bosquet lui annonce qu’elle veut divorcer. Elle reproche notamment à son mari sa consommation excessive de drogue, de l’héroïne et de la cocaïne. « Il m’avait promis de se soigner. Mais je me suis rendu compte qu’il ne changerait jamais. Je ne suis pas partie pour rien. » Thomas Langmann est sous le choc. « J’étais très amoureux de ma femme, je n’ai pas compris ce qu’il se passait », a confié à la barre le cinéaste, cheveux courts, chemise bleue, veste noire. La séparation est douloureuse, difficile. Une procédure de divorce est en cours.
L’affaire lui a « ouvert les yeux » : C’est à son argent, dit-il, qu’elle en veut. Elle a fomenté ce « projet de rupture depuis longtemps ». Elle avait même préparé un dossier sur son « train de vie » et s’intéressait à la « fortune » de son père, le réalisateur Claude Berri. « Avec du recul », Thomas Langmann regrette les propos violents qu’il lui a adressés. Mais il faut les « remettre dans leur contexte ». A l’époque, à l’incompréhension se mêlait la peur de ne plus voir ses enfants : « Les textos injurieux c’est 8 %. Le reste ce sont des lettres d’amour. J’ai du mal à comprendre que l’on souhaite divorcer quand on a un bébé d’un mois et demi. » Et puis il n’a pas « le monopole des textos désagréables ».
« Les souffrances d’un père qui veut voir son enfant »
Thomas Langmann soutient n’avoir jamais voulu « faire du mal » à la mère de ses enfants. Ces messages, ces appels, « ce sont les cris et les souffrances d’un père qui veut voir son enfant », résume son avocat, maître Arnaud Métayer-Mathieu. « Face aux violences que Céline Bosquet a subies, le prévenu décrédibilise la parole de la victime, s’érige en victime en faisant acte de diversion », affirme pour sa part l’avocate de la jeune femme, maître Carole Masliah. Elle rappelle que sa cliente, après avoir été examinée par un médecin à l’unité médico-judiciaire de l’hôtel-Dieu, s’était vue prescrire 45 jours d’ITT. Elle demande aujourd’hui 50.000 euros de dommages-intérêts.
« C’est un dossier volumineux mais simple », observe le procureur. Au regard des centaines de mails et SMS envoyés, des milliers de coups de fils passés, il ne fait aucun doute que l’infraction est caractérisée. Thomas Langmann n’avait qu’un seul « objectif » : « destabiliser et choquer son épouse ». Il a requis une peine de 10 mois d’emprisonnement assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans, obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec Céline Bosquet. La décision a été mise en délibéré au 17 avril. Thomas Langmann a pris la parole une dernière fois avant de quitter la salle : « A aucun moment je n’ai cherché à porter atteinte à sa santé. C’est la mère de mes enfants. Je la respecterai tout le temps. »