Nicole Belloubet prévoit-elle de créer des «condamnations préventives»?
FAKE OFF•Une citation parodique de la ministre de la Justice fait redouter à certains internautes la condamnation préventive de futurs criminelsAlexis Orsini
L'essentiel
- Selon plusieurs posts Facebook, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, aimerait « créer des condamnations préventives permettant de condamner toute personne sur la base d’un crime ou d’un délit qu’elle n’a pas encore commis ».
- Cette citation de la Garde des Sceaux s’accompagne d’une capture d’écran d’une de ses interviews sur BFM-TV.
- Il s’agit en réalité d’une citation parodique inventée par le compte Twitter « Journal de l’Elysée » en plein débats parlementaires sur la « loi anticasseurs ».
Le scénario angoissant de Minority Report, le film de science-fiction de Steven Spielberg où la police parvient à arrêter de futurs criminels avant qu’ils commettent leur forfait, va-t-il devenir réalité en France ?
Certains internautes s’en inquiètent sur la base d’une déclaration prêtée à Nicole Belloubet, ministre de la Justice, lors d’une interview sur BFM-TV à propos de la « loi anticasseurs » : « Nous passons ici vers une justice dite prémonitoire (…) Notre but, à terme, sera de créer des condamnations préventives permettant de condamner toute personne sur la base d’un crime ou d’un délit qu’elle n’a pas encore commis. »
aL’une des pages Facebook relayant ces propos explique ainsi : « En somme, vous n’avez pas commis "encore" de délit mais la justice vous met en garde à vue et vous condamne selon ce que vous n’avez pas "encore" fait !!! »
Or, si certaines dispositions de cette proposition de loi largement remaniée avant son adoption mardi à l’Assemblée nationale prêtaient à débattre, un tel scénario relève bien de la fiction puisqu’il se base sur une citation fictive de Nicole Belloubet… inventée par le compte Twitter parodique Journal de l’Elysée, spécialisé dans ce type de canular (et décrié par la députée Aurore Bergé, elle-même victime de cette pratique).
FAKE OFF
Comme à chaque nouvelle invention, le compte reprend une capture d’écran d’une interview bien réelle – qui date en l’occurrence du 5 décembre 2018, au micro de Jean-Jacques Bourdin, et attribue à la personnalité politique visée une fausse citation.
Celle-ci vise en outre à provoquer de vives réactions, en abordant un point politique sensible : des arrestations préventives avaient notamment été dénoncées début décembre, au coeur de la mobilisation des « gilets jaunes ».
Un objectif atteint puisque certains internautes ont pris cette phrase pour argent comptant sur Twitter (malgré la mention « parodie » bien visible sur l’intitulé du Journal de l’Elysée), quand d’autres y ont cru en la découvrant reprise sur Facebook, sans référence au compte parodique.
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