JUSTICE«L'enthousiasme d'une jeunesse» en «gilet jaune» en procès à Marseille

VIDEO. «Gilets jaunes» à La Ciotat: «L'enthousiasme d'une jeunesse» en procès à Marseille

JUSTICELes huit personnes jugées pour des heurts au péage de La Ciotat le 26 novembre dernier, lors d'un rassemblement de «gilets jaunes», ont toutes été condamnées à de la prison ferme. Mais seul le plus âgé d'entre eux retourne en détention, ce jeudi...
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • Les très jeunes «gilets jaunes» jugés à Marseille ce jeudi pour avoir saccagé le péage de La Ciotat ont été relaxés des faits de dégradation. Escota, filiale de Vinci Autoroutes, ne pourra pas réclamer des dommages et intérêts.
  • Le tribunal correctionnel a condamné à des peines de prison ferme les huit prévenus, pour des faits de violence et des outrages aux forces de l’ordre.

Les mères de famille se serrent sur les bancs. « On a vu la lumière alors on a décidé de rentrer », lâche une dame. Une autre : « Excusez-la, c’est les nerfs. » La porte-parole de la petite bande, c’est Christine, mère de Christopher. Ce jeune homme de 19 ans, sans casier judiciaire, vient de passer plus de deux semaines en prison, en détention provisoire, comme plusieurs de ses potes. « Aux Baumettes. C’était horrible. »

Il n’y dormira pas ce jeudi soir. Aucun prévenu n’a été relaxé mais seul David, le plus âgé d’entre eux, retourne en détention : il écope d’un an de prison ferme, avec maintien en détention. Et un sursis précédent est révoqué, pour six mois supplémentaires. Le président a énuméré treize mentions à son casier judiciaire, pour des vols avec violence, des faits de recel et, surtout, une condamnation pour violences conjugales, en 2017.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Je ne m’en souviens plus », a d’abord balancé ce petit costaud au visage rouge, agacé par la lenteur des débats. Son avocat, qui a parfois soupiré contre les circonlocutions du président Jean-Jacques Bagur, lui souffle que là, il faut lâcher du lest. « On s’est mis la main dessus avec une ex-compagne », lâche le trentenaire.

Sa compagne actuelle, Victoria, était aussi sur le banc des prévenus. Intérimaire au sein du groupe Randstad, elle répond de façon très brève aux questions. « Non », elle n’a pas incendié de palettes. « Non », elle n’a pas utilisé de projectile. C’est pourtant ce que décrivent les procès-verbaux rédigés par les forces de l’ordre, PV longuement analysés par le président. En « vieux magistrat de province », il a plusieurs fois ironisé au sujet des contradictions des prévenus, et, surtout, à propos de leur « pacifisme ».

L’impressionnante plaidoirie d’un ténor du barreau

Coincé depuis un mois en détention provisoire, car il n’a pas bénéficié de l’aide d’un avocat, le jeune Mathieu regrette d’avoir enfilé « un cache-col noir » ce jour-là. Et quand Thomas raconte cette sortie « aux gilets jaunes », comme un aprèm' au stade, des sourires ironiques sont apparus. Ils ont disparu lors de l’impressionnante plaidoirie du ténor Dominique Mattei, venu défendre Mathis, parka Canada Goose sur les épaules.

Ce samedi-là, il avait sur le visage « l’enthousiasme de la jeunesse pour le désordre ambiant », comme le dit son avocat. Et sur le corps les stigmates d’une interpellation plus que musclée. « En avez-vous vu, dans votre longue carrière, des prévenus qui se présentent librement à ces policiers scélérats ? Je n’en connais pas », a lancé maître Mattéi. En silence, le président a acquiescé.