«Gilets jaunes» en Gironde: Trois jeunes hommes sous contrôle judiciaire strict pour des dégradations au péage de Virsac
JUSTICE•Trois jeunes hommes de 19 ans ont été placés sous contrôle judiciaire strict, avant leur procès le 25 janvier pour répondre de dégradations sur le péage de Virsac, en Gironde…Elsa Provenzano
L'essentiel
- Trois jeunes de 19 ans ont été présentés ce vendredi devant le tribunal correctionnel pour des dégradations commises sur le péage de Virsac en Gironde, le 19 novembre.
- La date de l’audience a été reportée au 25 janvier, leurs avocats demandant un délai pour préparer le dossier.
- Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec couvre-feu jusqu’à leur prochaine convocation.
Trois jeunes de 19 ans ont été présentés devant le tribunal correctionnel de Bordeaux ce vendredi, dans le cadre de comparutions immédiates. Ils sont poursuivis pour des dégradations de biens appartenant à Vinci (incendie d’une barrière en plastique, destruction d’une borne d’urgence) qui ont eu lieu dans la nuit du 19 novembre, alors que le péage de Virsac avait échappé au contrôle des forces de l’ordre. La manifestation des « gilets jaunes » avait alors dégénéré dans la nuit. Jeudi, trois autres jeunes ont été jugés pour des vols dans un local appartenant à Vinci sur ce même péage.
Deux des trois conseils des prévenus ont demandé un report de l’audience, faisant valoir qu’ils venaient juste d’avoir en leur possession le dossier dans sa totalité. Le tribunal a renvoyé l’audience au 25 janvier mais dans le contexte social tendu, un débat a eu lieu pour savoir s’il fallait laisser en liberté les trois jeunes hommes. Dans le box, ils ont le visage tendu et l’un d’entre eux pleure pendant quasiment toute l’audience.
Des jeunes insérés socialement
Le parquet demande leur placement en détention provisoire en invoquant un risque de réitération des faits, alors que de nouvelles manifestations « gilets jaunes » sont prévues ce samedi. La procureure Anne-Cécile Dumonteil estiment que le trio était animé d’un « esprit malfaisant » et d’une « volonté d’en découdre ».
Les trois jeunes habitent chez leurs parents, ils sont diplômés ou travaillent en alternance. Ils ont un profil « inséré » selon les enquêtes sociales dont a rendu compte la présidente du tribunal Stéphanie Caprin. Seul l’un d’entre eux, Thibault B., est déjà connu des services de police puisqu’il a eu un rappel à la loi concernant une consommation de stupéfiants en 2017.
Un appel à une justice sereine
Les avocats ont fait valoir que leurs clients s’étaient présentés sans problème à leurs convocations après la garde à vue. « La responsabilité pénale, elle est individuelle et pas collective, il faut respecter la règle du Code de procédure pénale, a fait valoir maître Arnaud Bayle, avocat de Thibaut B. Ici, il n’y a pas de motivation pour une incarcération. » Les avocats ont appelé à une justice sereine, rappelant qu’elle n’avait pas pour rôle de régler des problèmes politiques.
Le tribunal a décidé d’un contrôle judiciaire strict pour les trois garçons. Ils ont pu regagner le domicile familial mais en se conformant à un couvre-feu de 20h à 6h et en ne sortant que pour des raisons scolaires ou professionnelles. Ils ont aussi l’interdiction de participer aux manifestations des « gilets jaunes » et de se rendre sur le péage de Virsac. S’ils ne respectaient pas ces règles, leur contrôle judiciaire serait révoqué et ils seraient placés en détention provisoire.