PROCÈSA son procès, Georges Tron dénonce des «calomnies»

Procès de Georges Tron: «On ne me voyait plus comme un réflexologue mais comme un pervers»

PROCÈSCe lundi, après trois semaines d’audience, la parole était aux accusés. Georges Tron, comme Brigitte Gruel, ont nié en bloc les viols et agressions sexuelles en réunion qui leur sont reprochés…
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • Georges Tron et Brigitte Gruel sont jugés pour «viols» et «agressions sexuelles» en réunion sur deux anciennes employées de la mairie de Draveil.
  • Tous deux nient en bloc les faits reprochés.
  • Ils encourent vingt ans de réclusion criminelle.

«Des calomnies » et des « mensonges » aux yeux de Georges Tron, une « machination » pour son ancienne adjointe à la culture, Brigitte Gruel. Ce lundi, trois semaines après l’ouverture de leur procès pour « viols » et « agressions sexuelles » en réunion, les deux accusés ont, pour la première fois, été interrogés sur le fond du dossier. Sans surprise, comme ils l’ont fait depuis le début de l’instruction, ils ont nié en bloc les faits pour lesquels ils encourent vingt ans de réclusion criminelle.

D’une voix assurée, Georges Tron, veste bleue portée sur une chemise blanche, a dénoncé des accusations « qui ne tiennent pas la route ». Certes, a reconnu l’ancien secrétaire d’État, il n’est pas un « saint ». Il admet avoir « trahi son épouse » en entretenant une liaison avec une ancienne collaboratrice et un « flirt » avec une autre mais il nie avoir eu la moindre relation « sexuelle ou charnelle » avec Eva Loubrieu ou Virginie Ettel. Les deux anciennes employées de la mairie de Draveil affirment que l’édile et son adjointe les ont contraintes à des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010. « Je n’ai jamais eu, dans ma vie sexuelle, une scène à trois, à quatre », s’emporte-t-il.

« Elles espéraient peut-être un poste, de l’argent »

Un peu plus tôt dans la matinée, Brigitte Gruel avait tenu à faire la même mise au point. Restée dans l’ombre de Georges Tron depuis le début de l’affaire, celle qui prend soin de dissimuler son visage derrière des lunettes de soleil, un bonnet et une épaisse écharpe pour échapper aux caméras évoque « une machination » de femmes « qui en veulent à Georges Tron » et dont elle serait la victime collatérale. Depuis l'ouverture du procès, la défense avance la théorie d’un complot menée par l’extrême droite de Draveil pour nuire au maire.

Beaucoup plus effacée que Georges Tron, bottant régulièrement en touche, affirmant n’être au courant de pas grand-chose dans cette affaire, elle tient néanmoins à balayer la rumeur d’une relation extra-conjugale avec l’édile. « Beaucoup de dames étaient amoureuses de lui », mais ce n’était pas son cas, assure-t-elle. Ils étaient simplement « très amis », «très proches».

Brigitte Gruel derrière son avocat, Me Frank Natali.
Brigitte Gruel derrière son avocat, Me Frank Natali. - Thomas Samson / AFP

« Je ne sais rien de la vie intime de Georges Tron »

Malgré les constantes dénégations des deux accusés, comment expliquer les concordances dans de nombreux témoignages, interroge le président. Six femmes ont ainsi confié leur sentiment que la réflexologie pratiquée par le maire de Draveil était une « technique d’approche ». « A partir du moment où on ne me voyait plus comme un réflexologue mais comme un pervers, ça bouleversait tout », a réagi Georges Tron. Dans une colère mesurée, presque théâtrale, il conteste chacun des témoignages évoqués par le magistrat. L’une « dit n’importe quoi » et est téléguidée par l’extrême droite, l’autre décrit une « scène absurde » qui n’a pas pu avoir lieu, une dernière a changé de point de vue au cours du dossier.

Quelques heures auparavant, Brigitte Gruel avait tenté d’apporter une explication à ces témoignages. « Je pense qu’il y a des femmes qui, parce qu’il leur a touché le pied, se sont imaginé des choses. » Si elle s’est aujourd’hui retirée de la vie politique, elle reste fidèle au maire de Draveil. Le président avait pourtant essayé de la pousser dans ses retranchements, lui rappelant qu’elle pouvait se désolidariser de Georges Tron. « Le contexte généralisé assez sexualisé serait de nature à rendre plausible les faits allégués », avait insisté le magistrat. « Je ne sais rien de la vie intime de Georges Tron », a simplement répondu son ancienne lieutenante.

« On m’a demandé un travail, je l’ai fait »

A-t-elle cherché à protéger Georges Tron en gardant pendant plusieurs mois à son domicile des « dossiers » sur les deux plaignantes : des attestations d’employés de la mairie évoquant des rumeurs de liaisons ou d’alcoolisme, des documents privés sur leur situation personnelle? A la barre, elle affirme qu’elle ne connaissait pas la teneur des documents, n’ayant jamais eu la curiosité de les consulter. « Je ne me sentais pas concernée », répète-t-elle à un président dubitatif. « Ces pièces peuvent donner le sentiment que vous aviez quelque chose à craindre et que vous essayiez d’allumer un contre-feu sous la houlette de M. Tron », insiste le magistrat. « On m’a demandé un travail, je l’ai fait. » Un peu plus disert, Georges Tron reconnaît avoir chargé son chef de cabinet de réunir ces documents après avoir entendu des « rumeurs particulièrement déplacées à [son] égard » sans préciser ce qu’il comptait en faire. « Je ne pouvais pas traiter tout cela par-dessus la jambe », insiste l’élu.

L’audition de Georges Tron doit se poursuivre ce mardi, le verdict, lui, est attendu jeudi.