Orléans: Trois ans de prison ferme requis contre le prêtre accusé de pédophilie, la justice veut créer un «électrochoc»
PROCES•L’affaire a été mise en délibéré au 22 novembre...20 Minutes avec AFP
Le procureur d’Orléans a voulu créer un « électrochoc » en requérant mardi soir devant le tribunal correctionnel des peines de prison ferme contre l’abbé Pierre de Castelet, accusé d’atteintes sexuelles sur mineurs en 1993, et l’ancien évêque d’Orléans, Mgr André Fort, pour non-dénonciation. Trois ans, dont six mois avec sursis, ont été requis contre l’abbé Pierre de Castelet, 69 ans, qui comparaît pour des attouchements sur mineurs de 15 ans, de jeunes garçons, lors d’un camp organisé par le Mouvement eucharistique des jeunes pendant l’été 1993.
Contre Mgr Fort, 83 ans, absent à l’audience pour raisons médicales, selon son avocat, le procureur Nicolas Bessone a requis un an ferme avec mandat d’arrêt.
« Ce jugement doit être un électrochoc », a affirmé le procureur au moment des réquisitions. L’affaire a été mise en délibéré au 22 novembre.
Le renvoi d’un évêque devant la justice, un fait exceptionnel
Evêque d’Orléans de 2002 à 2010, Mgr Fort n’avait pas informé la justice lorsqu’une des trois parties civiles, Olivier Savignac, lui avait adressé en 2008 une lettre faisant état de ces attouchements de la part de l’abbé de Castelet. Le prélat s’était contenté d’éloigner le prêtre de tout contact avec les jeunes. Ce n’est qu’après l’arrivée du nouvel évêque, Mgr Jacques Blaquart, que la justice sera saisie. L’abbé de Castelet a été mis en examen en 2012 pour agressions sexuelles et Mgr Fort en 2017 pour ne pas avoir dénoncé ces actes.
Lors de l’audience, le prêtre, crâne dégarni, lunettes fines et regard droit, drapé dans un imperméable noir, s’est efforcé à la barre de convaincre le tribunal qu’il s’était agi durant cet été 1993 d’un « phénomène isolé », d’un « dérapage ». Il a reconnu avoir procédé à de « faux examens médicaux », en se faisant passer pour infirmier ou médecin, auprès de jeunes garçons convoqués pour une visite médicale peu après leur arrivée dans le camp de vacances qu’il dirigeait. Il a assuré avoir agi ainsi « pour (se) rapprocher d’eux ». « J’étais demandeur d’affection », a-t-il plaidé, sans manifester la moindre contrition.
Le renvoi d’un évêque devant la justice est exceptionnel. Lors d’un précédent procès en 2001, l’évêque de Bayeux, Mgr Pierre Pican, avait été condamné à 3 mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’actes pédophiles. Ce procès intervient à quelques jours de la Conférence des évêques de France (CEF) à Lourdes où sera abordée la douloureuse question des abus sexuels dans l’Église. Olivier Savignac a indiqué, lors de l’audience, qu’il sera samedi prochain à Lourdes.