JUSTICESix mois de prison pour le trésorier du centre chiite de Grande-Synthe

Nord: Six mois de prison pour le trésorier d'un centre chiite, poursuivi pour détention d'armes

JUSTICELe trésorier du centre musulman chiite de Grande-Synthe comparaissait pour détention illégale d’armes à feu, sans mention d’activité terroriste…
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Le 2 octobre, la préfecture menait une opération antiterroriste à l’encontre d’un centre musulman chiite de Grande-Synthe, près de Dunkerque, dans le Nord.
  • Deux fusils de chasse, détenus illégalement, étaient retrouvés lors de la perquisition au sein de ce centre cultuel.
  • Le propriétaire des armes à feu a été condamné à six mois de prison ferme par le tribunal de Dunkerque.

«Nous ne sommes pas sur une procédure terroriste ». La précision de la juge a son importance. Après l’opération antiterroriste menée le 2 octobre au centre musulman chiite Zahra de Grande-Synthe, dans le Nord, une seule personne avait été mise en examen et incarcéré, mais pas pour des faits de terrorisme.

Bachir Gouasmi, fils du responsable et fondateur du centre, comparaissait devant le tribunal de Dunkerque, ce mercredi. Il était poursuivi pour détention d’armes non déclarées, à savoir un fusil de calibre 16 et un fusil de calibre 12. Il a été condamné à 18 mois de prison dont un an avec sursis.

« On se sentait menacés depuis les attentats du Bataclan »

Ces deux fusils de chasse se trouvaient dans un coffre du centre. A 8 h 30, le 2 octobre, lorsque Bachir Gouasmi se présente spontanément au centre Zahra, il reconnaît être le propriétaire des armes, mais aussi d’une machine de fabrication de cartouches, découverte par la même occasion.

« On se sentait menacés depuis les attentats du Bataclan et de la mosquée Redha à Bruxelles. C’est pourquoi j’avais apporté ces armes au centre. A l’époque, nous avions fait une demande de détention auprès de la préfecture. Elle avait été refusée », explique ce trésorier et responsable de la sécurité du centre chiite, fermé par la préfecture la semaine dernière.

« Les armes devaient servir à défendre le centre »

Ces armes, il les a héritées de son oncle. « Je les possède depuis une vingtaine d’années. Je sais que c’est interdit mais elles devaient servir à défendre le centre. Si une personne était entrée avec des armes, j’aurais pris les fusils et j’aurais tiré », assume Bachir Gouasmi.

« Mais par qui exactement vous sentez-vous menacés ? », demande la juge. « Nous sommes mal aimés par Al Qaida et l’Etat islamique. Notre communauté chiite est souvent visée par des attentats, notamment à Bruxelles où un imam a été tué », rétorque Bachir Gouasmi.

« Une forme de paranoïa »

Une menace que le procureur relativise : « Vous n’avez jamais été victime d’attaques. Je vois plutôt une forme de paranoïa et un danger, car vous avouez avoir l’intention de vous servir de ces armes. Imagine-t-on d’autres associations, victimes de menaces, s’armer comme une milice pour, soi-disant, se défendre ? »

L’avocat, Pierre Cortier, dénonce une « justice d’exception » à l’encontre de son client « qui n’a jamais été condamné », rappelle-t-il. « Dans les mêmes circonstances, un quidam n’aurait jamais été placé ni en détention provisoire, encore moins à l’isolement », note-t-il.

Bachir Gouasmi a été condamné à six mois de prison ferme et douze mis avec sursis. Une peine aménageable qui est également assortie d’une interdiction de posséder une arme pendant quinze ans.