TERRORISMEDes zones d'ombre persistent dans l'enquête sur l'attentat de Charlie Hebdo

Attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher: La fin de l'instruction approche et des zones d'ombre persistent

TERRORISMELes magistrats chargés de l’instruction sur les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes recevaient les parties civiles mardi et mercredi pour faire un point sur l’avancée de l’enquête…
Hélène Sergent

Hélène Sergent

L'essentiel

  • Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi décimaient la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo dans un attentat tuant 11 personnes dont 8 membres du journal.
  • Le 8 janvier, Amedy Coulibaly assassinait une policière à Montrouge avant de prendre en otage puis de tuer quatre personnes le lendemain dans un supermarché casher de la porte de Vincennes.
  • Plus de trois ans après, les magistrats en charge de l’enquête devraient très prochainement clore leurs investigations.

C’était la troisième et dernière fois. Ces mardi et mercredi, les trois juges d’instruction chargés d’enquêter sur les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher ont reçu les nombreuses parties civiles constituées. Plus de trois ans après ces attaques qui ont fait 17 morts, les magistrats seraient arrivés au bout de leurs investigations. Selon plusieurs sources contactées par 20 Minutes, l’enquête devrait être clôturée entre novembre prochain et juin 2019. Si les investigations touchent à leur fin, plusieurs zones d’ombre persistent dans le dossier.

Quinze mis en examen

Antoine Casubolo-Ferro, avocat pour l’AFVT (association française des victimes de terrorisme), se veut réaliste : « Il ne faut pas rêver, il y a peu de chance pour que les commanditaires éventuels des attentats de Charlie et de l’Hyper Cacher se retrouvent dans le box des accusés. Et comme dans la plupart des affaires récentes de terrorisme, les principaux auteurs sont tous morts ». Pour autant, les juges sont parvenus à remonter peu à peu la chaîne des responsabilités.

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A ce stade de l’enquête, 15 personnes ont été mises en examen dont 13 sont actuellement détenues. Trois mandats d’arrêt ont également été émis à l’encontre d’Hayat Boumeddiene, la compagne d’Amedy Coulibaly, le tueur de l’épicerie casher et des frères Belhoucine également proches du terroriste. Selon nos informations, tous trois seraient partis rejoindre les rangs de Daesh en Syrie mais rien ne permettrait depuis d’aiguiller les services de renseignement quant à leur présence dans la zone irako-syrienne ou leur éventuel décès. Quels rôles ont-ils pu jouer dans la commission et la préparation des attaques de janvier ? « Cette question reste en suspens et il y a peu de chance pour que nous ayons un jour une réponse », reconnaît un avocat de parties civiles.

Deux complices identifiés ?

Si la majorité des mis en examen sont restés mutiques, les interrogatoires auraient permis d’éclaircir les magistrats sur les rôles joués par deux d’entre eux qui « devraient être renvoyés pour complicités d’assassinats terroristes », précise à 20 Minutes une source proche du dossier. « On les retrouve de manière transversale dans le dossier. Des gens ont clairement aidé les auteurs à la commission des faits », ajoute cette même source.

Pour les autres en revanche, difficile d’apporter des éléments matériels à une éventuelle complicité. « C’est la même problématique que dans l’affaire Merah ou dans l’affaire des attentats du 13 novembre, analyse un avocat, le renvoi pour association de malfaiteurs terroriste ne pose pas de difficulté en revanche pour prouver qu’untel ou untel avait connaissance qu’il apportait une aide en vue de commettre un acte terroriste, là ça se complique ».

Un procès courant 2020

Si aucune date précise n’a été communiquée aux victimes et proches des victimes lors de ces réunions, la magistrate en charge du dossier a fait savoir qu’une audience « courant 2020 » pouvait être envisageable. « On nous a précisé que le procès allait durer plusieurs mois, au moins trois », ajoute Axel Metzker, l’avocat de plusieurs victimes de l’Hyper Cacher.

Un délai qui reste soumis au bon déroulé des prochaines semaines, estime Antoine Casubolo-Ferro de l’Afvt. : « Après la clôture des investigations, le procureur a un mois pour prendre ses réquisitions et comme dans l’affaire Merah on peut s’attendre à un nombre important de demandes d’actes de la part des avocats des parties civiles ».