JUSTICEUn militant de l'Auberge des migrants condamné pour un tweet

Calais: Un militant de l'Auberge des migrants condamné pour un tweet

JUSTICEIl était poursuivi pour diffamation après la publication sur le réseau social d’une photo montrant des policiers près d’un migrant…
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Un militant de l’Auberge des migrants condamné pour diffamation.
  • Il était poursuivi par un policier dont il avait tweeté la photo prise à Calais.
  • Amnesty international dénonce « les intimidations » envers les bénévoles.

Mardi, le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), a condamné un militant de l’Auberge des migrants pour diffamation après la publication d’une photo sur Twitter. Prise à Calais, l’image représentait deux policiers près d’un migrant avec une légende suggérant que les agents allaient lui prendre ses affaires.

Depuis deux ans, Loan Torondel travaillait comme bénévole au sein de l’association l’Auberge des migrants, à Calais. En janvier dernier, il avait publié une photo, datant de mai 2017, d’un contrôle de police lors d’une distribution de repas et de couvertures aux migrants. « On voit deux policiers qui parlent à ce jeune Afghan. Il a d’ailleurs été arrêté dans la foulée », assure Loan Torondel. Sous la photo, la légende mentionnait « Policier prenant la couverture d’un migrant », suivie d’un petit dialogue. « C’était pour dénoncer de manière humoristique ce que l’on constate tous les jours à Calais », précise le militant.

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Sauf que ça n’a pas plu à l’un des policiers présents sur la photo, lequel a attaqué en justice pour diffamation et a gagné. Loan Torondel a été condamné, mardi, à 1.500 euros d’amende avec sursis, à verser 500 euros de dommages et intérêts et à payer les frais de justice. « A l’audience, nous avons pourtant mis en avant le fait qu’il n’y a rien d’illégal à publier une photo de policiers dans le cadre de leurs fonctions sur la voie publique », s’étonne le jeune homme.

Le visage du policier n'était pas flouté

En vain, selon lui, le président du tribunal a reconnu le préjudice parce que le visage du fonctionnaire n’était pas flouté. Pourtant, en février 2018, une note du directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) rappelait que les policiers « ne peuvent faire obstacle à l’enregistrement ou à la diffusion publique d’images ou de paroles à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions […] quand bien même les agents seraient identifiables ».

Le mis en cause a annoncé qu’il avait fait appel de sa condamnation. Une condamnation que dénonce, par ailleurs, Amesty international. « Cette affaire met en lumière le harcèlement dont souffrent les bénévoles venant en aide aux personnes migrantes et aux demandeurs d’asile qui se retrouvent sans-abri dans le nord de la France après le démantèlement en 2016 de la « jungle » de Calais », a déploré l'ONG sur son site internet.