Procès Pastor: Les enquêteurs appuient leurs accusations contre le gendre, la défense conteste
PROCES•Dix personnes sont jugées pour l’assassinat de la milliardaire monégasque et de son chauffeur en mai 2014 à Nice…F.B. avec AFP
L'essentiel
- Devant la cour d’assises mardi, les enquêteurs ont détaillé la piste qui les a conduits aux assassins d’Hélène Pastor et à leur commanditaire présumé, son gendre, Wojciech Janowski.
- « Il y a les aveux, les déclarations de Dauriac, et la piste de l’argent. Qui était capable de sortir 140.000 euros ? » a expliqué un enquêteur à propos de leurs accusations contre Wojciech Janowski.
- Les conditions d’obtention des aveux du gendre ont été critiquées par sa défense.
Pour eux, le doute n’est pas permis. Devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhônes mardi, les enquêteurs ont détaillé la piste les ayant conduits aux assassins de la milliardaire monégasque Hélène Pastor et à leur commanditaire présumé, son gendre, Wojciech Janowski, sa défense s’appliquant à torpiller l’enquête.
« Il n’y a aucun doute pour nous sur la volonté d’exécution » des deux « tueurs à gages », Samine Saïd Ahmed, le tireur présumé, et Al Haïr Hamadi, le guetteur, a insisté le commissaire Philippe Frizon, qui menait les investigations.
Celles-ci avaient permis de retrouver très rapidement la trace des deux hommes, qui avaient agi à visage découvert et laissé dans leur sillage une multitude d’indices : « Al Haïr Hamadi n’est pas un tueur professionnel, il a commis beaucoup d’erreurs », a indiqué le policier.
« Qui était capable de sortir 140.000 euros ? »
Les enquêteurs étaient ensuite remontés jusqu’au commanditaire présumé, Wojciech Janowski, ainsi qu’à l’organisateur présumé du double assassinat Pascal Dauriac, coach sportif de l’ancien consul honoraire de Pologne à Monaco en passant au crible leurs appels téléphoniques. Pour le commissaire Frizon, les deux hommes ont échangé des « SMS troublants à des dates clés », notamment le 10 mai, quatre jours après l’agression, jour du décès du chauffeur d’Hélène Pastor, et le 21 mai, jour de la mort de la milliardaire.
Durant l’instruction, l’ancien coach a accusé Wojciech Janowski d’avoir été le seul commanditaire et de l’avoir « manipulé ».
Le commissaire Frizon a maintenu ses accusations contre le gendre de la milliardaire : « Il y a les aveux, les déclarations de Dauriac, et la piste de l’argent. Qui était capable de sortir 140.000 euros ? », la somme donnée aux tireurs et aux intermédiaires. Un autre enquêteur a évoqué la piste du mobile financier car à l’époque, Wojciech Janowski « était dans une situation financière très embarrassante ».
« Si Dauriac dit vrai, alors Janowski est coupable, mais s’il ne dit pas la vérité, alors il est innocent », a plaidé Me Eric Dupond-Moretti, avocat de l’homme d’affaires polonais.
Les conditions d’obtention des aveux critiquées par la défense
Selon lui, la garde à vue de Sylvia Pastor, la fille de la milliardaire, interpellée en même temps que son compagnon avant d’être mise hors de cause, est un « scandale » et « avait un seul but, faire pression sur lui ». « C’est le mauvais film, elle a été libérée avant les aveux », a répliqué le commandant Catherine Messineo, une autre enquêtrice.
Me Dupond-Moretti a alors critiqué les conditions dans lesquelles les enquêteurs ont obtenu les aveux de l’homme d’affaires polonais, « sans avocat » et « sans interprète », arguant que l’accusé avait été privé de ses droits à la défense.
Catherine Messineo, qui avait recueilli le témoignage d’Hélène Pastor à l’hôpital avant le décès de cette dernière, a rappelé les confidences faites par la victime : « J’ai peur, j’ai d’autres choses à vous dire ». La policière avait ensuite participé aux 23 interpellations et auditionné Wojciech Janowski et sa compagne en garde à vue. A la sixième audition, le gendre avait avoué être le commanditaire « pour sauver (sa) compagne des persécutions » de sa belle-mère.
Wojciech Janowski clame aujourd’hui son innocence
« Il avait devant lui quelqu’un qui l’accusait d’être un assassin, d’une partialité affichée », a observé Me Luc Febbraro, autre avocat de Wojciech Janowski, tandis que Me Dupond-Moretti citait les propos « injurieux » de la policière à son client. L’enquêtrice a concédé qu'« il n’était pas impossible » qu’elle ait dit au gendre « qu’il était une sous-merde ».
Juste après ses aveux à la police, Wojciech Janowski les avaient réitérés devant sa compagne Sylvia. Il s’était rétracté quelques jours plus tard. Lundi à l’ouverture du procès, il a de nouveau clamé son innocence.
Au total, dix personnes sont jugées jusqu’au 19 octobre pour leur participation à ce guet-apens mortel.