Corse: Le propriétaire d'un domaine condamné pour s'être approprié la maison fortifiée d'une milliardaire
FEUILLETON•L'histoire du domaine de Murtoli a fait polémique pendant plus de dix ans en Corse...J.S.-M. avec AFP
C’est un paysage un peu fou, et une histoire qui l’est tout autant. Il y a douze ans, dans un décor de carte postale, Paul Canarelli a accaparé la maison fortifiée d’une milliardaire. Ce lundi, ce propriétaire corse a été condamné à trois mois de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Paris, chargé du volet pénal de cette affaire.
La superbe demeure d’Anne de Carbuccia est enclavée dans le domaine de Paul Canarelli. Elle l’a acheté en 2001 à son précédent propriétaire, Paul d’Ortoli. Mais en juin 2005, comprenant qu’elle n’était pas locataire mais propriétaire, Paul Canarelli a contesté la vente de la bâtisse et brandi son droit à l’exploiter en la louant, invoquant un bail commercial oral avec Paul d’Ortoli.
Le fort « est en ruines »
En 2006, il a fait changer les serrures de la maison : une violation de domicile, selon la justice. Selon les juges, Paul Canarelli aurait aussi volé certains effets personnels de la milliardaire et dégradé les lieux en menant des travaux, qui ont, selon eux, dénaturé la tour génoise du XVIIe siècle.
Anne de Carbuccia ne peut, aujourd’hui encore, l’habiter : le fortin est « en ruines » depuis un dégât des eaux survenu lorsque Paul Canarelli l’occupait. Elle va d’ailleurs recevoir 15.000 euros de dommages et intérêts, au titre du préjudice moral, et 10.000 euros pour frais de justice.
Pressions et opération immobilière
« Treize ans plus tard, je n’ai pas pu remettre en état ma maison », avait-elle déploré à la barre, évoquant « certaines pressions » dissuadant les entreprises locales de mener ces travaux. Paul Canarelli, « qui dans un certain monde est influent, en profite pour faire de Murtoli une zone de non-droit » pour préserver son « opération immobilière », a-t-elle avancé.
L’avocat de Paul Canarelli avait plaidé sa relaxe, convoquant le bail dont se prévaut son client et fustigeant le « manichéisme » de la partie adverse, qui « veut faire du buzz » avec cette « affaire corse » en pointant « les bons et les méchants ».