PROCESLa douceur de la mère de Clément Méric et les larmes du principal accusé

Au procès Clément Méric, la douceur de la mère de la victime et les larmes du principal accusé

PROCESCe jeudi, au quatrième jour du procès sur la mort de Clément Méric, la mère de la jeune victime a raconté qui était son fils...
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • Trois skinheads comparaissent depuis mardi devant la cour d’assises de Paris pour la mort d’un militant antifasciste lors d’une bagarre.
  • Deux d’entre eux comparaissent pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, en réunion et avec arme ». Ils risquent 20 ans de réclusion.

Aux clichés de l’autopsie, projetés un peu plus tôt dans la cour d’assises de Paris, elle a souhaité répondre par des photos pleines de vie de son fils, Clément Méric. L’une où il pose tout sourire en polo blanc l’automne précédant son décès, une seconde où il apparaît l’air rêveur en chemise à carreaux. « C’était un garçon élégant », commente la mère du militant antifasciste tué lors d’une bagarre en juin 2013, alors qu’il avait 18 ans. Puis de préciser : « mais pas seulement physiquement ».

A la cour qui juge depuis mardi trois skinheads pour des violences volontaires, elle raconte ce fils, le plus jeune de ses quatre enfants. « Il a beaucoup été présenté à sa mort, comme un militant antifasciste, ce qu’il était vraiment, mais il était bien autre chose pour nous. Un fils, un frère, un cousin, un oncle ou un neveu… » Elle parle avec pudeur de ce garçon « vif » et « espiègle » qui s’est battu dès l’âge de 16 ans contre une leucémie, qui a supporté sans se plaindre les séjours en chambre stérile et les cures de chimio très lourdes. « On a été admiratif de la façon dont il a vécu ça », confie-t-elle.

« Il pouvait manifester fermement sa désapprobation »

Avec son mari, elle a vu grandir les convictions de son cadet. De la fois où, à 8 ans, il a donné à un mendiant la pièce qu’on venait de lui offrir à son engagement politique et syndicaliste, né bien avant son admission à Sciences Po. « Ce qui était important pour lui, c’était un égal respect de tous », insiste-t-elle. Si elle le décrit comme un garçon calme et posé, elle est convaincue qu’« il pouvait manifester fermement sa désapprobation. » Aussi, elle n’est pas surprise d’apprendre qu’il ait pu réagir verbalement face à des messages racistes aperçus le jour de la vente, même si elle met en doute les mots utilisés par les témoins. « Mais pour moi, ce n’est pas de la provocation, c’est quelque chose qui doit provoquer de l’indignation. »

De ce procès, elle attend avant tout le respect de la mémoire de son fils. A-t-elle envie de dire quelques mots aux trois accusés, lui demande la présidente. Le temps s’arrête. Elle hésite. Bien sûr, elle y a pensé, mais elle est déçue par leurs dénégations systématiques. « J’ai trouvé qu’il n’y avait pas vraiment de prise de conscience de la gravité de ce qu’il s’est passé », explique-t-elle dans un mélange de douceur et de fermeté. Puis évoque un souvenir de la reconstitution. Ce jour-là, elle croise le regard d’Esteban Morillo, l’un des principaux accusés, qui la regarde en soufflant, l’air de dire qu’il trouve le temps long. « Est-ce qu’on a quelque chose d’humain en commun ? », s’interroge-t-elle à la barre.

Les excuses des accusés

Esteban Morillo fond en larmes. Il ne l’a pas reconnu, jure-t-il. « Je regrette tout ce que j’ai pu faire, tout ce qu’il s’est passé, ce que je vous ai fait subir », sanglote l’accusé. Il peine à finir ses phrases. Debout, les mains ramenées devant lui, il fixe ses pieds. « Je ne sais pas comment me faire pardonner. ».

Samuel Dufour s’excuse également, sans jamais se départir de sa ligne de défense. « J’ai pas touché à votre fils mais je suis désolé de ce qu’il vous arrive. » « C’est pour lui, c’était sa vie. Il avait 18 ans », le reprend Agnès Méric. Tous les deux risquent 20 ans de réclusion criminelle.