Affaire Benalla: Du 1er mai à aujourd’hui, le récit des événements, heure par heure
CHRONOLOGIE•De l’altercation survenue place de la Contrescarpe aux auditions devant la commission parlementaire, « 20 Minutes » signe le récit de l’affaire Alexandre Benalla, heure par heure…Vincent Vantighem
L'essentiel
- Chargé de sécurité pour Emmanuel Macron, Alexandre Benalla a molesté deux personnes, en marge des manifestations du 1er mai.
- Il a été licencié par l’Elysée et une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris.
- Après quatre jours de polémique, l’Assemblée nationale et le Sénat ont mis sur pied deux commissions d’enquête parlementaire.
«Regardez bien son visage ! Il l’a tabassé ! Regardez bien son visage ! » En captant avec son téléphone portable des images d’Alexandre Benalla en train de violenter un manifestant, le 1er mai place de la Contrescarpe à Paris, Taha Bouhafs ne se doutait sans doute pas qu’il déclencherait la plus grave crise du quinquennat d’Emmanuel Macron. Car Alexandre Benalla, chargé de sécurité à l’Elysée, n’avait aucune raison d’agir ainsi. 20 Minutes livre le récit de ce qui ressemble de plus en plus à une affaire d’État…
Le 1er mai
Vers 18h30 : Deux manifestants molestés, place de la Contrescarpe
Réunis via Facebook pour « un apéro militant », une centaine de jeunes boivent des bières, place de la Contrescarpe (Paris, 5e), à l’issue de la traditionnelle manifestation du 1er mai. Les esprits s’échauffent quand arrivent plusieurs cordons de CRS. Des projectiles volent. Et deux manifestants sont violemment pris à partie par un homme porteur d’un casque de police. Il s’agit d’Alexandre Benalla, l’un des collaborateurs d’Emmanuel Macron, chargé de sa sécurité à l’Elysée.
Vers 20h : Réunion à la préfecture de police
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, participe à une réunion à la préfecture de police pour faire le point sur les manifestations et les violences qui ont émaillé la journée. Michel Delpuech, le préfet de police, est également présent dans la « salle d’information et de commandement ». Ils y croisent Alexandre Benalla qui, après les faits, est venu assister au débriefing. Le ministre et le préfet ont reconnu avoir salué cet homme, comme la quarantaine d’autres personnes présentes.
Le 2 mai
10h : Michel Delpuech découvre l’existence de la vidéo
Michel Delpuech est, en voiture, sur le chemin de la préfecture de police après des interviews données à France Inter et BFM et une réunion de l’état-major de la police. Il reçoit alors un coup de fil de son directeur de cabinet qui l’informe de l’existence sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant « des violences policières à l’encontre de manifestants » lors des événements du 1er mai.
10h15 : Le coup de fil de l’Elysée
Peu de temps après le premier coup de fil, Michel Delpuech reçoit un second appel de Laurent Hottiaux. Collaborateur d’Emmanuel Macron à l’Elysée, celui-ci l’appelle pour savoir où en est l’affaire Benalla. « A ce moment-là, je ne comprends pas de quoi il me parle, explique le préfet de police devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Ma réponse est toute de surprise… »
10h15 : Le flash-back de la réunion de la veille
Une fois raccroché, Michel Delpuech a une sorte de flash-back. « Me revient, à ce moment-là, un épisode de la soirée du 1er mai », assure-t-il aux parlementaires. Alors qu’il participait à une réunion des services dans la salle d’information et de commandement de l’ordre public, à la Préfecture, il se souvient avoir croisé Alexandre Benalla. « Vous êtes là ? » l’ai-je interrogé. « J’étais sur le terrain, je suis venu [à la réunion] », lui répond l’intéressé sans s’appesantir sur les événements survenus un peu plus tôt..
10h30 : L’Intérieur est déjà au courant
De retour à la Préfecture, Michel Delpuech regarde la vidéo des événements et décide de prévenir le cabinet du ministère de l’Intérieur. « On me répond que le cabinet est au courant et en liaison avec l’Elysée à ce sujet, explique encore le préfet de police. Pour moi, le sujet Benalla est alors traité par l’autorité hiérarchique dont il dépend [l’Elysée]. »
14h : Gérard Collomb est informé
Si le cabinet de l’Intérieur est mis au courant des faits durant la matinée, Gérard Collomb, lui, assure qu’il ne les a découverts que vers 14h, « après un déjeuner ». Devant la commission lundi, le Ministre a précisé qu’il avait été informé par son directeur de cabinet et son chef de cabinet. « Ils m’indiquent alors avoir avisé l’Elysée », confie le ministre.
Dans la journée : Alexandre Benalla convoqué par Patrick Strzoda
Informé de l’existence de la vidéo, Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron convoque Alexandre Benalla dans son bureau. Celui-ci lui confirme qu’il est bien l’homme que l’on voit sur cette vidéo. Le directeur de cabinet décide d’avertir le président de la République, alors en déplacement en Australie.
Dans la soirée : Pour Gérard Collomb, l’affaire est traitée
Toujours devant la commission de l’Assemblée nationale, Gérard Collomb a expliqué que son directeur de cabinet avait eu un échange avec son homologue de l’Elysée. « Le directeur de cabinet de l’Elysée estime que les actes [commis par Alexandre Benalla] sont inacceptables et que des sanctions seront prises. A partir de là (…), j’ai considéré que les faits étaient pris en compte », assure le ministre de l’Intérieur.
Le 3 mai
Dans la matinée : Les sanctions tombent pour Alexandre Benalla
Patrick Strzoda assure avoir envoyé un courrier à Alexandre Benalla dans lequel il lui annonce sa suspension du 4 au 19 mai en raison de son comportement « manifestement inapproprié ». Il précise qu’à défaut de comportement exemplaire à l’avenir, il sera licencié.
Le 18 juillet
Dans la soirée : « Le Monde » publie ses révélations sur Alexandre Benalla
Dans un article signé par Ariane Chemin, Le Monde indique avoir identifié l’un des collaborateurs d’Emmanuel Macron à l’Elysée comme l’auteur de violences perpétrées contre des manifestants le 1er mai. La presse reprend massivement les révélations du quotidien du soir.
Le 19 juillet
Dans la matinée : Le porte-parole de l’Elysée confirme les faits
Bruno Roger-Petit, le porte-parole de la présidence de la République, condamne, lors d’une conférence de presse, « un comportement inacceptable » et souligne que la sanction infligée – deux semaines de suspension — est la « plus grave jamais prononcée » contre un chargé de mission travaillant à l’Elysée. Emmanuel Macron se contente, lui, d’affirmer que « la République est inaltérable ». Dans la foulée, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire.
Le 20 juillet
Dans la matinée : L’Elysée licencie Alexandre Benalla
En pleine tourmente, l’Elysée annonce avoir pris la décision de licencier Alexandre Benalla, après avoir pris connaissance de nouvelles informations. « Il aurait été destinataire d’un document appartenant à la préfecture de police et qu’il n’était pas autorisé à détenir », affirme la présidence. En réalité, trois fonctionnaires de police lui ont transmis les images de l’altercation survenue place de la Contrescarpe afin qu’il puisse préparer sa défense. Dans la soirée, il est placé en garde à vue.
Le 21 juillet
Dans la matinée : Trois policiers en garde à vue
Membres de l’état-major de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), le contrôleur général Laurent Simonin et le commissaire Maxence Creusat sont placés en garde à vue. Tout comme Jean-Yves Hunault, policier chargé de faire la liaison entre la préfecture de police et l’Élysée. Ce sont les trois hommes soupçonnés d'avoir remis les vidéos à Alexandre Benalla.
Le 22 juillet.
Après-midi : Macron envoie ses proches au front
Sommé de réagir à la polémique grandissante, Emmanuel Macron ne prend toujours pas la parole directement mais envoie ses proches faire le tour des médias pour distiller ses éléments de langage. Il leur fait dire qu’il considère comme « inacceptable et choquant » le comportement d’Alexandre Benalla et que ce dernier ne bénéficiera d’aucune « impunité ».
Dans la soirée : Mises en examen au palais de justice
Alexandre Benalla et Vincent Crase, l’un de ses proches, qui a participé à l’altercation du 1er mai, sont mis en examen pour « violences en réunion » et « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique ». Les trois policiers connaissent le même sort pour « détournement d’images issues d’une vidéoprotection ».
Le 23 juillet
Dans la matinée : Collomb ouvre le bal à l’Assemblée
Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, est le premier à être auditionné devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale, siégeant en qualité de commission d’Enquête parlementaire. Il est suivi, dans l’après-midi, par Michel Delpuech, le préfet de police de Paris.
Dans l'après-midi : Benalla voulait prêter « main-forte »
Via un communiqué diffusé par ses avocats, Alexandre Benalla se défend. « Abasourdi » par l’ampleur médiatique prise par cette polémique, il assure qu’il a pris, ce jour-là, « l’initiative de prêter main-forte au dispositif en aidant à la maîtrise de ces [deux] personnes » en raison de « l’apparent dépassement des capacités opérationnelles des policiers sur place. » Les deux manifestants violentés lors des événements annoncent qu’ils se constituent partie civile dans la procédure.