Affaire Benalla: Crase, Strzoda, Girier, Hottiaux, Mizerski… Qui sont les protagonistes?
PROFILS•« 20 Minutes » revient sur le rôle de tous les hommes impliqués dans l’affaire Benalla…V.V.
L'essentiel
- Mercredi 18 juillet, Le Monde a révélé avoir identifié Alexandre Benalla, collaborateur d’Emmanuel Macron, sur une vidéo où on le voit frapper deux manifestants en marge des défilés du 1er-Mai.
- Tout comme Vincent Crase, Alexandre Benalla a été mis en examen, notamment pour « violences en réunion », a indiqué le parquet de Paris.
- Trois policiers ont également été mis en examen pour avoir transmis des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla afin qu’il prépare sa défense.
Des coups portés à deux manifestants. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Et l’Elysée qui tremble. Sur les plans judiciaire, administratif et parlementaire, trois enquêtes distinctes ont été ouvertes après les révélations du journal Le Monde sur Alexandre Benalla. Chargé de la sécurité d’Emmanuel Macron, cet homme de 26 ans aurait outrepassé ses fonctions pour participer, aux côtés des forces de l’ordre, aux manifestations du 1er-Mai et violenté deux manifestants. 20 Minutes dresse la liste de toutes les personnes impliquées dans ce qui ressemble de plus en plus à une affaire d’Etat.
- Alexandre Benalla, chargé de la sécurité d’Emmanuel Macron
Né en 1991 à Evreux, Alexandre Benalla est l’homme au cœur de toute cette affaire. Chargé de la sécurité d’Emmanuel Macron lors de la campagne, il l’a suivi à l’Elysée où il s’occupait toujours de la sécurité du nouveau chef de l’Etat, en dépit du fait qu’il n’était pas membre du groupement de sécurité du président de la République (GSPR).
Le 1er mai dernier, c’est en tant qu’observateur qu’il aurait suivi les CRS lors de la manifestation et aurait donc donné des coups à un couple de manifestants. A la suite des révélations, l’Elysée a annoncé vendredi son licenciement.
Après trois jours d’enquête préliminaire, le parquet de Paris a inculpé dimanche soir Alexandre Benalla pour « violences en réunion », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique », « port public et sans droit d’insignes réglementés », « recel de détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection » et « recel de violation du secret professionnel ».
Dans un communiqué diffusé ce lundi, ses avocats ont indiqué qu’il avait agi ainsi afin de « prêter main-forte » au dispositif en raison de « l’apparent dépassement des capacités opérationnelles des policiers sur place ».
- Vincent Crase, collaborateur de l’Elysée
Réserviste de la gendarmerie, Vincent Crase est le deuxième homme de toute l’affaire. Celui que l’on voit aux côtés d’Alexandre Benalla sur les vidéos des incidents survenus place de la Contrescarpe. Ancien employé de la République en marche, il avait rejoint l’Elysée où il intervenait pour des missions ponctuelles.
Mis en examen des mêmes chefs de prévention qu’Alexandre Benalla dimanche, ainsi que pour « port prohibé d’une arme de catégorie B », Vincent Crase avait, auparavant, été informé de la fin de ses fonctions au sein de l’Elysée.
- Laurent Simonin, Maxence Creusat et Jean-Yves Hunault
Membres de l’état-major de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), le contrôleur général Laurent Simonin et le commissaire Maxence Creusat ont été suspendus et mis en examen pour « détournement d’images issues d’une vidéo protection et violation du secret professionnel ». Tout comme Jean-Yves Hunault, policier chargé de faire la liaison entre la préfecture de police et l’Élysée.
Tous les trois sont soupçonnés d’avoir fourni, le 18 juillet, à Alexandre Benalla des images de vidéo-surveillance lui permettant d’assurer sa défense le jour où Le Monde a sorti cette affaire. Sur Twitter, Thibaut de Montbrial, l’avocat de Maxence Creusat a déjà indiqué que son client n’esquiverait aucune question. « Notamment celle, essentielle pour comprendre ce dossier, de la proximité manifeste entre la plus haute hiérarchie policière et Alexandre Benalla. » Contacté par 20 Minutes, l’avocat n’a pas souhaité en dire davantage.
- Laurent Hottiaux, conseiller d’Emmanuel Macron
Âgé de 45 ans, Laurent Hottiaux est le conseiller Intérieur et Sécurité du président de la République, à l’Élysée. Auparavant, il était chargé des affaires régionales auprès du préfet de la région Nord-Pas-de-Calais. Son nom n’était pas apparu dans l’affaire Benalla jusqu’à ce que le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, ne le prononce devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale, ce lundi.
« Le 2 mai, à 10h15, je reçois un appel de Laurent Hottiaux, collaborateur du président de la République. Il venait aux nouvelles de l’affaire Benalla. Je ne comprends pas de quoi il s’agit », a ainsi répondu le préfet aux députés qui lui ont demandé comment il avait découvert toute cette affaire. « Il va sans doute falloir demander à l’entendre », a lâché un député en sortant de cette audition.
- Jean-Marie Girier, chef de cabinet de Gérard Collomb
« C’est quelqu’un qui travaille dans l’ombre avec la porte fermée… », lâchait début juillet à 20 Minutes, un ancien collaborateur de Jean-Marie Girier pour le décrire. A 33 ans, l’actuel chef de cabinet de Gérard Collomb, au ministère de l’Intérieur, va peut-être devoir prendre la lumière à son corps défendant, à cause de l’affaire Benalla.
Car si le ministre de l’Intérieur affirme qu’il ne « connaissait pas très bien » Alexandre Benalla, son chef de cabinet ne peut pas en dire autant. Directeur de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, Jean-Marie Girier est en effet celui qui a validé l’embauche d’Alexandre Benalla en tant que « responsable de la sécurité » du candidat d’En Marche ! comme l’attestent plusieurs mails extraits des Macron Leaks.
- Patrick Strzoda, Directeur de cabinet d’Emmanuel Macron
C’est le fusible idéal de l’affaire Benalla. Agé de 66 ans, Patrick Strzoda doit faire valoir ses droits à la retraite au mois d’octobre. On pourrait donc l’encourager à partir plus tôt pour apaiser un peu les esprits dans l’affaire Benalla. C’est lui, a-t-il avoué au Monde, qui a autorisé Alexandre Benalla à participer comme observateur à la manifestation du 1er mai. Lui encore qui l’a sanctionné d’une suspension de quinze jours.
- Philippe Mizerski, policier chargé d’encadrer Alexandre Benalla
Dans un premier temps, les médias l’ont surnommé « l’homme aux lunettes ». Sur les vidéos montrant les incidents de la place de la Contrescarpe, on le voit suivre Alexandre Benalla. Discrètement. Habillé en civil. Mais Philippe Mizerski est en réalité commissaire à la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC).
A ce titre, c’est lui qui encadrait Alexandre Benalla ce jour-là. Il devrait être interrogé par les commissions d’enquête à l’Assemblée nationale et au Sénat. Il va notamment devoir s‘expliquer sur le fait qu’il a laissé faire le principal suspect sans intervenir. Il n’a pas été placé en garde à vue dans le cadre de cette affaire.