Toulouse: Quatre jeunes condamnés après une expédition pour «casser du pédé»
JUSTICE•Quatre jeunes ont été condamnés par le tribunal correctionnel à des peines allant de un à deux ans de prison pour avoir agressé violemment un homosexuel, en mai dernier, sur l’ïle du Ramier…Béatrice Colin
L'essentiel
- La justice a condamné quatre agresseurs d’un homme, victime d’une attaque au couteau le 29 mai dernier, sur l’Île du Ramier. Le juge a reconnu le caractère homophobe de l’agression.
- Dans cette affaire, SOS homophobie était partie civile. L’association se félicite que cette agression ne soit pas restée impunie et espère « une prise de conscience ».
Le 29 mai dernier, un homme est agressé sur l’île du Ramier par une bande de cinq jeunes. Blessé au visage par un coup de couteau, il réussit à s’enfermer dans sa voiture. Derrière cette attaque, aucun motif crapuleux. Mais une volonté de « casser du pédé ».
C’est ce qui est ressorti de l’audience qui a eu lieu en début de semaine dernière devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Et le caractère homophobe a été retenu par le tribunal qui a condamné quatre jeunes de 18 à 22 ans, sans casier judiciaire, à des peines allant d’un à deux ans de prison ferme, assorties de sursis relate La Dépêche.
Seul l’auteur du coup de couteau a fait l’objet d’un maintien en détention. A la barre, ce dernier a tenté de se défendre en expliquant qu’ils étaient venus sur ce site pour jouer aux cartes.
Courage de porter plainte
«L’île du Ramier est un lieu de rencontres et de sociabilisation de la communauté gay, c’est la raison pour laquelle ils y sont allés, pour casser du pédé. On est sur quelque chose de symptomatique, c’est une agression physique violente et uniquement en fonction de l’orientation sexuelle et supposée de la personne », insiste auprès de 20 Minutes Sara Khoury, l’avocate de la victime, soutenue par SOS homophobie, aussi partie civile.
Pour Jérémy Perrard, délégué régional de l’association, cette condamnation est importante « car il ne faut pas que cela reste impuni ». « Là, la victime a eu le courage de porter plainte, mais on sait qu’il y en a d’autres et qu’elles ne témoignent pas car elles ne sont pas » outées « dans leur vie. Tout acte homophobe est une violence en soi. Là, on est dans l’incompréhension, on ne comprend pas comment ces jeunes peuvent basculer », poursuit le militant dont l’association s’était portée partie civile.
Au-delà de « la prise de conscience » qu’une telle condamnation peut susciter, Jérémy Perrard et Sara Khoury espèrent que le site du Ramier reste un endroit « paisible et sécurisé » pour ceux qui le fréquentent. Ils espèrent que le témoignage de la victime devant la justice évitera que les « faits soient réitérés ».
Le cinquième agresseur, un mineur, sera jugé ultérieurement.