Agen: Les reclus de Monflanquin devant la justice pour récupérer leur château
JUSTICE•Cette famille de notables du Sud-Ouest veut récupérer son château dans le Lot-et-Garonne, vendu alors qu'elle était sous la coupe d'un gourou...
M.B. avec AFP
L'essentiel
- Les « reclus de Monflanquin » ont été victimes pendant des années d'un gourou, condamné depuis à dix ans de prison.
- Pendant ce temps, leur château, dans le Lot-et-Garonne, a été vendu à deux reprises.
- Ils veulent aujourd'hui récupérer leur bien, estimant que l'acheteuse ne pouvait pas ignorer l'affaire.
Les « reclus de Monflanquin », famille de notables du Sud Ouest, ont réclamé une nouvelle fois lundi devant la justice à Agen de pouvoir récupérer leur château de famille, vendu alors qu'ils étaient victimes d'un « gourou » condamné depuis à dix ans de prison.
En première instance, en septembre 2015, la famille De Védrines, officiellement reconnue victime de Thierry Tilly, escroc manipulateur qui l'avait ruinée, avait réussi à faire annuler la vente de leur château lot-et-garonnais.
Le château revendu
Le tribunal d'Agen avait jugé que la vente de leur bien ancestral à une société civile immobilière (SCI) toulousaine n'était pas valide car la famille était à l'époque de la signature, en 2008, sous l'emprise mentale du « gourou ».
Mais le château avait entre-temps été revendu et les juges avaient estimé que cette transaction avait, elle, été effectuée légalement par l'actuelle propriétaire. La famille De Védrines avait alors fait appel.
Un prix d'achat défiant toute concurrence
Lundi, devant la chambre civile de la cour d'appel d'Agen, Me Daniel Picotin, l'avocat de la famille, a constesté la « bonne foi » de l'actuelle propriétaire. Selon lui, l'acheteuse, qui vivait à 40 km du village, « ne pouvait pas ignorer l'affaire des "reclus de Monflanquin" », relayée dans la presse locale et nationale. Il a aussi relevé un prix d'achat de 540.000 euros, « défiant toute concurrence ».
« Ma cliente ne vivait pas dans la région et ne lisait pas la presse locale », a répliqué Me Basile Mery-Larroche. Elle n'avait aucune raison de ne pas faire confiance à la SCI toulousaine qui lui vendait le bien surtout que deux notaires confirmaient que cette SCI était bien la propriétaire », a-t-il plaidé.
Le ministère public a demandé la confirmation du premier jugement. La décision sera rendue le 24 octobre.
Escroc hors-norme
Escroc hors-norme et génie de la manipulation, Thierry Tilly avait placé sous sa coupe trois générations de la famille De Védrines, allant jusqu'à les séquestrer et à leur infliger des tortures physiques et psychologiques pour les dépouiller de tous leurs biens. Un préjudice total évalué, entre 2000 et 2009, à quelque 4,5 millions d'euros.
Après avoir isolé psychologiquement onze membres de la famille, Thierry Tilly, qui se faisait passer pour un agent secret, avait réussi à les convaincre qu'ils étaient victimes d'un complot - mêlant franc-maçons, rose-croix, homosexuels et Juifs - dont lui seul pouvait les sauver, moyennant finances.
Il avait fallu que la mère de famille, Christine de Védrines, parvienne à s'échapper en mars 2009 et porte plainte pour mettre fin à ses agissements. En 2013, Thierry Tilly a été condamné à dix ans de prison par la Cour d'appel de Bordeaux.