JUSTICENeuf nationalistes corses jugés pour l’explosion de résidences secondaires

Corse: Neuf nationalistes jugés pour l’explosion de dizaine de résidences secondaires

JUSTICENeuf nationalistes corses sont jugés pour avoir commis des attentats à l’explosif contre des résidences secondaires en Corse en 2012…
Détail de la façade de la Cour d'assises de Paris.
Détail de la façade de la Cour d'assises de Paris. - JACQUES DEMARTHON / AFP
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Neuf nationalistes corses sont jugés aux assises de Paris à partir de lundi pour la destruction à l’explosif de résidences secondaires.
  • Ce procès est très politique, les nationalistes corses arrivés au pouvoir réclament l’amnistie des prisonniers nationalistes corses.

Neufs nationalistes corses jugés pour deux « nuits bleues ». A partir de lundi, neufs nationalistes corses seront jugés aux assises de Paris pour une série d' attentats à l’explosif, perpétrés en Corse en 2012, contre des dizaines de résidences secondaires.

Parmi les accusés on retrouve Pierre Paoli, soupçonné d’avoir été le chef du FLNC (Front de libération nationale corse) pour la Corse du Sud au moment des faits. Ce procès, qui se tient quatre ans après que ce groupe clandestin a déposé les armes, pourrait être l’un des derniers pour des attentats en Corse.

Une vingtaine d’attentats avaient visé en mai 2012 des résidences secondaires appartenant pour la plupart à des continentaux, avant que, sept mois plus tard, une vingtaine d’explosions endommagent des résidences secondaires aux quatre coins de l’île, sans faire de victimes. Le FLNC avait revendiqué les attaques, les justifiant par son « combat contre la spéculation immobilière ».

Cour d’assises spéciale

Les neuf accusés seront jugés par une cour d’assises spéciale compétente pour les affaires de terrorisme et uniquement composée de magistrats et non de jurés populaires. La plupart comparaissent pour participation à une association de malfaiteurs à visée terroriste, fabrication d’engin explosif, détention illégale d’arme et dégradation. Pierre Paoli, aujourd’hui âgé de 65 ans, sera jugé pour « direction ou organisation d’une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ».

Les charges « reposent » sur des écoutes dans un bar à Ajaccio, explique à l’AFP son avocat Emmanuel Mercinier-Pantalacci. Il évoque des « dizaines de milliers d’heures d’écoutes », où plusieurs personnes parleraient de son client. « Mais il n’est pas le seul Pierre. Et il n’est pas le seul Paoli, défend l’avocat, qui va demander l’acquittement. Et même quand ils parlent de Pierre Paoli, nous mettons en doute qu’ils disent la vérité. Pierre Paoli n’était pas le chef du FLNC. Il était l’un des cadres du parti Corsica Libera et, à ce titre, il a pris position pour la fin de la violence. »

Un procès politique

Il a fait citer les deux dirigeants nationalistes de l’île : le président du Conseil exécutif Gilles Simeoni et celui de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, chef de file de Corsica Libera, « pour qu’ils viennent expliquer la situation actuelle en Corse, depuis la fin de la violence ».

Le nationalisme corse a tourné en 2014 la page de la clandestinité et des attentats, avant de triompher dans les urnes, en obtenant une majorité absolue aux élections territoriales en décembre. Parmi leurs principales revendications : l’amnistie des prisonniers, que le président Emmanuel Macron a toutefois exclue en février.

Fin mai, Jean-Guy Talamoni a fait voter une motion à l’Assemblée de Corse pour que « les jugements des procès à venir contre des militants nationalistes corses participent de la volonté d’apaisement manifestée par la société et les élus de la Corse ».

L’association de soutien aux prisonniers nationalistes corses, Sulidarita, a appelé sur Twitter à une « mobilisation » des Corses pendant le procès. « Etant donné le contexte politique plus favorable que jamais à la construction d’une solution politique, il est impensable pour nous que ce procès se solde par de nouvelles condamnations, voire de nouvelles incarcérations », écrit l’association. Le verdict devrait être rendu le 22 juin, au dernier jour du procès.