JUSTICEAu procès du bijoutier de Nice, «la justice, ce n'est pas Facebook»

Procès du bijoutier de Nice: «La justice, ce n'est pas Facebook», soutient la partie civile

JUSTICELes avocats de la famille d’Anthony Asli, le braqueur tué par Stéphan Turk, ont plaidé ce jeudi matin pour que la cour d’assises des Alpes-Maritimes reconnaisse le bijoutier coupable de meurtre…
Michel Bernouin

Michel Bernouin

L'essentiel

  • Dans sa plaidoirie, Me Philippe Soussi, l’un des avocats de la partie civile, est longuement revenu sur l’emballement populaire et médiatique autour de l’affaire du « bijoutier de Nice ».
  • Les jurés pris à partie par l’un des avocats des parties civiles : « Vous vous voyez rentrer chez vous après avoir pris une décision de principe [une peine avec sursis] parce qu’il a 72 ans ? Il n’a rien sur la conscience ! »
  • Le délibéré est attendu ce jeudi soir.

«Mohamed le migrant, Pascal l’homme au scooter de l’attentat de Nice, le colonel Beltrame, ce sont des héros. Pas Stephan Turk. » Dans sa plaidoirie, Me Philippe Soussi, l’un des avocats de la partie civile, est longuement revenu sur l’emballement populaire et médiatique autour de l'affaire du « bijoutier de Nice », jugé depuis lundi par la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour avoir tué Anthony Asli, qui venait de le dévaliser.

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L’avocat rappelle les 1,6 million de likes et 200.000 commentaires sur la page Facebook « Soutien au bijoutier de Nice », « la 3ème le plus “likée” au monde » dans la nuit suivant les faits. Puis les interviews de l’accusé dans la presse, les photos, l’absence de regrets. « Il ne sait parler que de lui-même, de sa famille, de son magasin. Il m’a émis aucun regret, pas une once de compassion. Dans une affaire classique, on serait stupéfait poursuit l’avocat. Il n’a pas un mot pour la victime. Pauvre enfant. Il avait 19 ans, 9, 10 ou 11 ans d’âge mental ».

La vidéosurveillance de la bijouterie

« Comment on rend la justice quand l’opinion publique a déjà rendu son verdict ?, interroge Me Philippe Soussi. Combien de fiascos judiciaires quand s’entremêlent passions, rumeurs, ignorance et voyeurisme médiatique ? » C’est pourtant le droit que la cour d’assises devra dire. Alors, les deux autres avocats de la partie civile développent des arguments juridiques.

Me Maturin Lauze d’abord. L’avocat s’attelle a démontrer que la thèse de la légitime défense ne tient pas. Il revient sur la vidéosurveillance de la bijouterie : « Cette vidéo est un choc. On est dans une exécution en direct. Monsieur Turk tire avec une intention homicide. Il choisit l’arme, il garde son sang-froid. Il n’est pas la victime d’une deuxième agression [celle d’Anthony Asli qui aurait menacé d’une arme le bijoutier au moment de la fuite]. L’avocat mime le passager se retournant, menaçant le bijoutier avec son fusil à pompe selon la thèse de la défense. « Aucun témoin ne vous a dit qu’il a vu ça. » Me Maturin Lauze tranche : « Il ne se défend plus, il tire sur des fuyards. »

« S’il dit la vérité, s’il dit comment les choses se sont passées, Stephan Turk se condamne lui-même », enchaîne Me Christian Scolari. Et le ténor de prendre à partie les jurés : « Vous vous voyez rentrer chez vous après avoir pris une décision de principe [une peine avec sursis] parce qu’il a 72 ans ? Il n’a rien sur la conscience ! Vous êtes malade ? Et alors, on va tous mourir ! Ne nous trahissez pas. Jugez librement, et honorablement. »

C’est Philippe Soussi qui prononce les derniers mots de la partie civile. Lui aussi s’adresse à la cour : « Il est possible ce soir que cette affaire se termine sur un moment de paix. Qu’on sorte tous d’ici la tête haute. Qu’on en termine avec ce cirque. Un moment de justice. » L’audience doit reprendre à 13h30 avec les réquisitions puis les plaidoiries de la défense de Stephan Turk. Le délibéré est attendu ce jeudi soir.