Financement libyen de la campagne de Sarkozy: Eric Woerth a été mis en examen à son tour
CORRUPTION•L’ancien ministre du Budget et trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 est mis en examen pour «complicité de financement illégal de la campagne»…Vincent Vantighem
Il s’est défendu pendant plus de deux heures devant les trois juges d’instruction sans parvenir à les convaincre. Après 45 minutes de délibération, Eric Woerth a été mis en examen, ce mardi, pour « complicité de financement illégal de campagne » dans le cadre de l’enquête menée sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a appris 20 Minutes. Cette mise en examen découle du travail de la police anticorruption qui a relevé, dans un rapport daté de septembre 2017, « l’ampleur de la circulation d’espèces » dans l’entourage du candidat de la droite, à cette époque.
Toujours député (LR) aujourd’hui, Eric Woerth était trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Devant les magistrats, il a reconnu avoir distribué « environ 30.000 euros » en liquide à des salariés de l’UMP pour les récompenser du travail effectué pour l’élection de Nicolas Sarkozy. Selon lui, ces fonds provenaient de dons anonymes reçus au siège de l’UMP et qui avaient été conservés dans un coffre le temps de la campagne. Mais les juges en doutent. Enquêtant depuis cinq ans sur cette affaire, ils pensent que cet argent provenait en réalité de l’ancien régime libyen de Mouammar Kadhafi.
Les valises en cuir marron de Ziad Takieddine
A longueur d’interviews et d’auditions, l’intermédiaire franco libanais Ziad Takieddine affirme, en effet, avoir transporté en France plusieurs valises « en cuir marron et avec un zip » contenant de l’argent liquide pour un montant total de cinq millions d’euros, destinés à financer l’élection de Nicolas Sarkozy. Selon lui, cet argent provenait de Mouammar Kadhafi qui espérait ainsi se racheter une respectabilité sur le plan international, en bénéficiant de l’appui de Nicolas Sarkozy. Le 21 mars, l’ancien chef de l’Etat avait, lui-même, été mis en examen dans cette affaire, malgré ses dénégations constantes.
Contacté par 20 Minutes, Jean-Yves Leborgne, l’avocat d’Eric Woerth a déjà annoncé qu’il allait contester la mise en examen de son client qui n’a jamais rencontré aucun des protagonistes libyens impliqués dans ce dossier. « J’ai du mal à comprendre le lien entre les quelques milliers d’euros en liquide distribués par Eric Woerth et les cinq millions d’argent prétendument libyen », a-t-il réagi.