JUSTICELa légitime défense du bijoutier tiendra-t-elle après la vidéo du braquage?

Nice: La vidéo du braquage du bijoutier va-t-elle mettre à mal la légitime défense de l'accusé?

JUSTICELes images de la vidéosurveillance du magasin de Stéphan Turk, diffusées ce lundi après-midi, montrent le déroulement du braquage et les coups de feu tirés par l’accusé…
Michel Bernouin

Michel Bernouin

L'essentiel

  • Trois minutes de la vidéosurveillance de la bijouterie braquée ont été diffusées, ce lundi, au procès de Stéphan Turk.
  • Sur les images, on voit le bijoutier embusqué une arme à la main.
  • « Il agit froidement, vite, c’est une exécution », estime Me Maturin Lauze, l’un des avocats de la partie civile.

C’est un film de trois minutes qui pourrait bien faire basculer le procès du bijoutier de Nice. Les images de vidéosurveillance de l’une des caméras de la bijouterie ont été diffusées en milieu d’après-midi devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes, qui juge depuis ce lundi matin Stephan Turk pour le meurtre d’Anthony Asli, l’un des deux braqueurs.

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Durant les 2’43 minutes que dure le braquage, on voit deux individus casqués et armés faire irruption dans la boutique, agresser le bijoutier et le dévaliser. Celui qui sera identifié comme Anthony Asli s’affaire à vider le coffre-fort, avant de ressortir avec un sac de sport chargé de 2 kg d’or, un coffret rouge sous le bras et une arme à la main, volée au bijoutier. Il est suivi par le second braqueur, identifié comme étant Ramzi Khachroub, condamné il y a quelques mois à dix ans de réclusion à Aix-en-Provence pour ce vol à main armée.

Le bijoutier embusqué

Moins de trois secondes après, l’action change de nature. Alors que ses agresseurs ont quitté la bijouterie, Stéphan Turk s’avance vers la porte avec un pistolet dans la main droite, détenu illégalement, qu’il dissimile derrière sa cuisse droite. Les images montrent le bijoutier embusqué en retrait du pas de sa porte, immobile pendant 3 secondes.

Puis à 8 h 52 minutes et 35 secondes, il ouvre finalement le feu quand le deux-roues passe devant lui. Trois détonations. L’une des balles de calibre 7.65 atteint Anthony Asli sous l’omoplate droite et lui sectionne une artère, provoquant une hémorragie mortelle. Dans la salle d’audience, alors que les images sont décortiquées, Stéphan Turk ne quitte pas l’écran des yeux. Sur le banc des parties civiles, les proches d’Anthony Asli sont en larmes.

« Parfait contre-exemple de la légitime défense »

« Il agit froidement, vite, c’est une exécution », estime Me Maturin Lauze, l’un des avocats de la partie civile, qui a découvert la vidéo à l’audience, en même temps que les jurés. Pour Me Philippe Soussi, avocat de la famille Asli, « on est dans le parfait contre-exemple de la légitime défense. On en a aujourd’hui la preuve par l’image et le son. » Impossible en effet de voir si le bijoutier tire alors qu’il est sous la menace d’un fusil à pompe, comme l’affirme la défense.

Le président convoque Stéphan Turk à la barre :

- « Pourquoi vous ne vous êtes pas jeté sur votre téléphone pour appeler la police plutôt que de prendre une arme ? »

- « Je voulais sortir pour leur parler, récupérer mes affaires, pas tuer quelqu’un. »

- « Avec une arme ? »

- « C’est pour équilibrer les forces. »

L’avocate générale se lève : « C’est la première fois en cinq ans que vous changez de version en affirmant que vous vouliez parler aux malfaiteurs ! » Me Franck de Vital tente de désamorcer : « Il n’a pas conscience qu’il a changé de version. » Dans la salle des pas perdus, il évoquera « l’état de santé mental de son client qui se détériore peut-être ».