ENQUÊTENordahl Lelandais fait craindre le pire aux familles de disparus

VIDEO. Affaire Nordahl Lelandais: L’insupportable attente des familles dont les proches ont disparu

ENQUÊTEPlusieurs familles se réunissent, ce vendredi à Lyon, pour discuter de l’implication éventuelle de Nordahl Lelandais dans la disparition de leurs proches…
Journaliste afp

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L'essentiel

  • Nordahl Lelandais a avoué les morts de Maëlys et d’Arthur Noyer.
  • Une cellule a été créée pour voir s’il n’est pas impliqué dans d’autres affaires.
  • Une trentaine de familles de personnes disparues se réunissent ce vendredi.

Chacun a sa propre manière de réagir face à la peur. Certains bégayent. D’autres pleurent. Bernard Poncin, lui, se marre. Bruyamment. Franchement. Comme si c’était le seul moyen de conjurer le mauvais sort qui le hante depuis deux mois. « Si c’est lui qui est derrière tout ça, ce n’est vraiment pas bon pour Anne-Charlotte… », finit-il par expliquer. « Lui », c’est Nordahl Lelandais. Depuis qu’il a avoué, en février, les « morts accidentelles » de la petite Maëlys puis, du caporal Arthur Noyer, Bernard Poncin se demande s’il n’est pas également responsable de la disparition, en 2016, de sa fille, Anne-Charlotte.

Dalila Boutvillain se pose la même question au sujet de son frère Malik, volatilisé en mai 2012. Olga Roux s’interroge sur sa fille Lucie. Marie-France Fiorello pense, elle, à son fils Adrien. Sans parler d’Ahmed, de Jean-Christophe ou de Rachid… Les familles de tous ces disparus se retrouveront, ce vendredi, à Lyon. Réunies à l’initiative de l’association Assistance et recherches de personnes disparues (ARPD) pour discuter du « cas » Nordahl Lelandais.

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« Lelandais aimait les chiens, ma fille aussi… »

« Depuis janvier, nous avons identifié une trentaine d’affaires de disparitions dans lesquelles il pourrait être impliqué », annonce Bernard Valézy, le vice-président de l’ARDP. A chaque fois, l’association a transmis tous les éléments en sa possession à la cellule de gendarmerie Ariane, mise spécialement sur pied pour découvrir si Nordahl Lelandais n’a pas fait plus de victimes qu’il ne l’a dit.

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Secret de l’enquête oblige, les familles n’ont, pour l’instant, aucun retour sur les investigations menées par les gendarmes. Et en sont donc réduites à tirer, elles-mêmes, des conjectures. Pour Olga Roux, elles sont aussi précises qu’effrayantes. Le 18 avril, un témoin l’a appelée pour lui dire que sa fille, Lucie, avait déjeuné « à plusieurs reprises » avec Nordahl Lelandais avant de disparaître sans laisser de traces, en 2012.

Pour d’autres familles, les liens sont beaucoup plus ténus. « On sait juste que le téléphone de mon fils Adrien a borné à Chambéry le jour de sa disparition alors qu’il ne connaissait personne là-bas, indique Marie-France Fiorello. Et on sait que Lelandais fréquentait Chambéry… » Bernard Poncin, lui, a simplement retenu que Lelandais est un ancien militaire « comme [sa] fille », qu’il aimait les chiens et qu’elle « en possédait un »… C’est mince. Mais suffisant pour lui « faire peur ».

Impatientes de connaître la vérité, même si elle est terrible

Deux mois après les aveux de Nordhal Lelandais, les familles de tous ces disparus se retrouvent aujourd’hui dans une situation paradoxale. Torturées entre l’idée d’apprendre le pire et en même temps impatientes de pouvoir connaître enfin la vérité sur la disparition de leurs proches. « Dans la plupart des cas, notamment les plus anciens, les familles se sont faites à l’idée que leurs proches sont morts, indique, tout de même Bernard Valézy. Ce qu’elles attendent aujourd’hui, c’est de connaître enfin la vérité, qu’on s’occupe de leurs dossiers. » Ce qui n’a pas toujours été le cas.

« On a enfin l’impression d’être pris au sérieux par les autorités, assure à ce propos Dalila Boutvillain. Je me souviens que quand je suis allée déclarer la disparition de Malik en 2012, on m’a dit qu’il n’y avait pas d’effectif pour faire ne serait-ce qu’une enquête de voisinage ! Et que de toute façon, il était majeur ! »

Photo non datée de Malik Boutvillain, disparu en mai 2012.
Photo non datée de Malik Boutvillain, disparu en mai 2012. - DALILA BOUTVILLAIN

« Il a fallu la mort d’une petite fille pour que ça bouge…

La faute au code pénal français qui prévoit quasiment un droit à la disparition pour toute personne majeure qui souhaite couper les ponts avec ses proches. « Depuis 2013, il n’y a plus de recherches dans l’intérêt des familles, critique Bernard Valézy qui plaide, désormais, pour la création d’une cellule interministérielle chargée de gérer les cas de disparition. Cela permettrait d’avoir un vrai fichier recensant tous les cas et tous les indices. »

Et de ne pas devoir courir après pour les retrouver a posteriori. « Ce qui est dingue, c’est qu’il a fallu la mort d’une petite fille et d’un jeune homme pour que les choses bougent enfin, résume Marie-France Fiorello. Le problème, c’est que certaines preuves ont dû disparaître avec le temps. Or, Nordahl Lelandais n’avoue que si on lui met les preuves sous le nez ! »

Bernard Poncin n’a aucune preuve. Pas même le moindre élément sur la disparition de sa fille. « J’attends donc simplement que les enquêteurs me disent si le téléphone de Lelandais a 'bippé’dans la ville où elle se trouvait le 5 janvier 2016. Si c’est le cas, je saurai à quoi m’en tenir… »