JUSTICELe port de Calais attaque l'Etat pour ne pas avoir délogé des grévistes

Le port de Calais attaque l'Etat pour ne pas avoir délogé des grévistes

JUSTICEEn 2015, les salariés de la compagnie My Ferry Link avaient bloqué le port, empêchant le transit de milliers de camions et de passagers…
Mikaël Libert

M.L. avec AFP

L'essentiel

  • Les marins de MyFerryLink avaient bloqué le port de Calais à l’été 2015.
  • Le port estime son manque à gagner à près de 2 millions d’euros.
  • La préfète n’avait pas fait appel à la force publique pour déloger les grévistes.

Mercredi, le rapporteur public du tribunal administratif de Lille a préconisé la condamnation de l’Etat pour ne pas avoir ordonné aux forces de l’ordre de mettre fin au blocage du port de Calais, à l'été 2015, par des salariés de MyFerryLink. La décision du tribunal doit être rendue dans trois semaines.

Le 23 juin 2015, des centaines de marins grévistes de MyFerryLink avaient bloqué le port de Calais, mécontents des mesures proposées par l'Etat pour sauvegarder leur compagnie maritime. S’ensuivra un long et dur conflit social, provoquant le blocage de milliers de camions et de vacanciers. Le patron d’une importante association britannique de transport routier avait même réclamé l’intervention de l’armée.

L’évacuation des grévistes avait été demandée par le gestionnaire du port

La Société d’exploitation des ports du détroit (SEPD), en charge de la gestion du port de Calais, a attaqué l’Etat pour un montant de plus d’1,8 million d’euros. Motif : il n’a pas utilisé la force publique pour déloger les grévistes.

L’avocate de la SEPD a également appuyé sa demande par le fait que quatre ordonnances du TGI de Boulogne-sur-Mer accordaient le droit à la SEPD de faire évacuer le port au besoin avec le concours de la force publique. Mais la préfète n’avait pas fait suite à ces demandes, notamment en raison de la gestion de la crise des migrants au même moment à Calais.

« Une responsabilité sans faute »

Le rapporteur public a constaté « une responsabilité sans faute » de l’Etat, préconisant « de faire droit à cette demande » de la SEPD, mais pour un montant de près de 480.000 euros, une somme presque quatre fois inférieure que celle demandée par le port.

Origine de cette différence : le demandeur estime que le préjudice (droits de port et taxes d’usage non versés par les compagnies maritimes) couvre une période allant du 23 juin au 21 juillet, contre du 2 au 20 juillet selon le rapporteur public pour 70 A/R de ferrys non effectués.