Hénin-Beaumont: Un nouveau procès vise les comptes publics de l’ancienne municipalité
JUSTICE•Après l’ancien socialiste Gérard Dalongeville en 2013, un autre ex-maire d’Hénin-Beaumont comparaît devant la justice, soupçonné de favoritisme…G.D. avec AFP
L'essentiel
- Le procès pour favoritisme de l’ancienne municipalité d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, se tient mercredi et jeudi devant le tribunal correctionnel de Béthune.
- L’ancien maire (DVG), Eugène Binaisse, comparait avec six collaborateurs.
- Le maire (FN) Steve Briois s’est constitué partie civile.
Va-t-on assister à un règlement de comptes entre ex-municipalité de gauche et maire FN actuel ? Le procès pour favoritisme de l’ancien maire d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, Eugène Binaisse , et de sept collaborateurs, se tient mercredi et jeudi devant le tribunal correctionnel de Béthune.
Quand Steeve Briois (FN) est élu maire en 2014, il trouve sur son bureau deux dossiers « explosifs », avance l’un de ses proches, ancien élu municipal, à l’AFP : « des emprunts toxiques dont les clauses nocives pouvaient atteindre 10 millions d’euros », et « un contentieux avec une société qui réclamait 10 millions d’euros ».
La mairie partie civile
Ces finances plombées conduisent aussi le maire à exhumer ce qu’il considère comme des irrégularités commises par la municipalité de gauche précédente, concernant plusieurs marchés publics qui auraient été attribués avec un « avantage injustifié » : sonorisation, construction d’un crématorium, étude d’une piscine, etc.
Le procureur de la République de Béthune se saisit alors de ces dossiers et poursuit l’ancien maire (SE) Eugène Binaisse et des collaborateurs, tandis que Steeve Briois se constitue partie civile.
« Maladresses techniques »
« Il y a eu quelques maladresses techniques, de là à dire qu’il y a eu ostensiblement prise illégale d’intérêts et délit de favoritisme… », soupire, auprès de l’AFP, Eugène Binaisse, maire de 2010 à 2014.
Il est vrai qu’à Hénin-Beaumont, les finances avaient été compromises par plusieurs années de gestion douteuse avant lui. Par exemple, entre 2006 et avril 2009, un système de fausses factures mis en place par la mairie avait permis que des entreprises n’honorent jamais les prestations correspondantes.
Une classe politique discréditée
Maire (PS) durant cette période, Gérard Dalongeville avait donc été condamné en août 2013 par le tribunal correctionnel de Béthune à quatre ans d’emprisonnement, dont trois ferme, à cinq ans d’inéligibilité et à 50.000 euros d’amende, pour détournements de fonds publics, délits de favoritisme et usages de faux, au préjudice de la commune de l’ex-bassin minier.
La classe politique traditionnelle, alors discréditée, avait été sanctionnée dans les années suivantes par les habitants de ce territoire notamment par l’élection, en juin 2017, de cinq députés frontistes.