PROCESAprès l’accident de train, le chauffeur routier fournit ses explications

Rennes: «Je n’ai pas vu les feux rouges clignotants». Le chauffeur du camion s’explique après la catastrophe ferroviaire

PROCESEn 2011, trois personnes avaient trouvé la mort dans une collision entre un train et un poids lourd à Saint-Médard-sur-Ille...
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Le procès de la catastrophe ferroviaire de Saint-Médard-sur-Ille a débuté lundi à Rennes.
  • Au deuxième jour du procès, le conducteur du camion a été entendu pour la première fois.
  • Le prévenu reconnaît sa culpabilité mais assure ne pas avoir vu les feux rouges ni entendu le signal sonore.
  • Trois personnes étaient décédées en 2011 et des dizaines de personnes blessées.

Il donne l’image d’un chauffeur routier consciencieux, sérieux. Ses anciens employeurs en attestent. Mardi, au deuxième jour du procès de la catastrophe ferroviaire de Saint-Médard-sur-Ille (Ille-et-Vilaine), le conducteur du camion à l’origine de l’accident a été entendu. Une première pour les victimes et leurs proches, nombreux dans la salle du tribunal correctionnel de Rennes à attendre des réponses.

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Agé de 41 ans, l’homme à la barre a toujours livré la même version depuis sept ans. « Je reconnais l’ensemble des faits qui me sont reprochés mis à part le caractère délibéré. Je n’ai pas vu les feux rouges clignotants ni entendu le signal sonore. Pourquoi ? Je n’ai pas d’explication », a répété le prévenu au tribunal.

Pourquoi avoir freiné ? « C’était un simple réflexe »

Le mercredi 12 octobre 2011, à 17h15, le chauffeur s’était engagé sur le passage à niveau numéro 11 quelques secondes avant l’arrivée d’un TER reliant Rennes à Saint-Malo. La collision avait provoqué la mort de trois personnes et fait des dizaines de blessés, tous passagers du train. « J’ai vu la barrière en face commencer à se baisser. J’ai le réflexe de freiner et j’immobilise mon ensemble au milieu des voies ». Pourquoi avoir freiné, interroge le tribunal. « C’était un simple réflexe », répond le prévenu.

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Long de plus de 18 mètres, le poids lourd est immobilisé au milieu des voies, alors que les barrières ont amorcé leur descente. « J’ai d’abord voulu faire marche arrière pour dégager une voie mais j’ai vu que la barrière me bloquait. Je crois qu’il y avait une voiture derrière. J’ai alors enclenché la marche avant car j’avais la place de sortir ». Il n’en aura pas le temps. Le TER percutera le poids lourd, épargnant la cabine et le conducteur. Pas les passagers du train.

« Je ne suis qu’un maillon de la chaîne »

Les nombreux experts qui ont travaillé sur les neuf tomes de la procédure ont établi qu’il s’était passé 14 secondes entre l’arrêt du camion et le choc avec la motrice. « Suffisant pour sortir du passage », selon le rapport BEA-TT (bureau d’enquête accident). « Si je n’avais pas fait de marche avant, le train aurait sans doute percuté la cabine. Je ne serais pas là pour vous parler, mais trois personnes seraient présentes », a poursuivi le conducteur du camion. Avant de répondre aux questions du tribunal, ce dernier a lu un texte, présentant ses excuses aux victimes et à leurs proches. « Je porte la responsabilité de l’accident. Mais je ne suis qu’un maillon de la chaîne ».

Poursuivi pour non-respect du temps de repos légal, le chauffeur ne s’était arrêté de travailler que 5h30, et non 9 heures comme la profession l’impose. La fatigue peut-elle expliquer votre baisse de vigilance, demande la présidente du tribunal. « C’est possible ».

La SNCF également poursuivie

Réputé dangereux, le passage à niveau numéro 11 avait déjà été le théâtre de trois accidents avant celui de 2011. Ce qui vaut à la SNCF d’être également poursuivie pour homicide involontaire dans ce dossier. « Il fallait passer tout doucement, sinon on faisait des bonds d’un mètre dans la cabine », a témoigné le chauffeur du camion. Les responsables de SNCF Mobilités et SNCF Réseaux (ex RFF), seront entendus mercredi. Le verdict est attendu vendredi.