VIDEO. Arabie saoudite: Le prince Mohammed ben Salmane visé par une plainte pour «complicité d'actes de torture»
ENQUETE•Une association yéménite accuse le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane d’avoir ordonné des frappes sur des cibles civiles…L.Br. avec AFP
Tout est une question de timing. Alors que Mohamed ben Salmane vient d’entamer sa visite officielle de trois jours en France, une association yéménite porte plainte contre le prince héritier saoudien devant le tribunal de grande instance de Paris pour « complicité d’actes de torture », selon une information de Franceinfo.
C’est l’avocat pénaliste Joseph Breham qui représente l’association yéménite de défense des droits de l’Homme à l’origine de cette plainte. L’association accuse le nouvel homme fort du Moyen-Orient de « complicité d’actes de torture » pour son rôle dans les frappes contre les rebelles Houthis au Yémen.
Depuis le début du conflit en mars 2015, une coalition militaire sous commandement de l’Arabie Saoudite intervient au Yémen en soutien aux forces du gouvernement internationalement reconnu pour contrer les rebelles Houthis qui ont pris en 2014 le contrôle de la capitale Sanaa et d’autres secteurs du pays. Le conflit a fait près de 10.000 morts et 53.000 blessés, dont de nombreux civils.
Des frappes sur des camps de déplacés, des marchés, des hôpitaux
C’est pour son rôle actif que celui que l’on surnomme MBS est pris pour cible : l’héritier du trône et ancien ministre de la Défense d’Arabie saoudite est accusé d’avoir sciemment pris pour cible des populations civiles yéménites avec des frappes sur des camps de déplacés, sur des marchés, des immeubles résidentiels et des hôpitaux.
L’association évoque également dans sa plainte l’utilisation d’armes à sous-munitions, une catégorie d’armes interdite par une convention internationale approuvée par 108 Etats, dont l’Arabie saoudite ne fait pas partie. Ainsi que des « disparitions forcées » et des prisons secrètes qui seraient tenues par des Émiratis, selon Franceinfo.
Pourquoi porter plainte à Paris ? Parce que la France a ratifié la Convention contre la torture, qui donne aux pays signataires l’obligation d’enquêter sur toute personne soupçonnée d’actes de torture, à partir du moment où elle pose le pied sur le sol français. Les plaignants espèrent que la plainte sera instruite par des juges du pôle crimes de guerre du TGI de Paris. La juridiction enquête déjà sur des exactions commises en Syrie.