JUSTICEJugée pour 5 infanticides, elle parle de «rapports sexuels non consentis»

Cinq infanticides jugés à Bordeaux: L’accusée pointe des «rapports sexuels non consentis»

JUSTICERamona Canete, 37 ans, est jugée jusqu’à vendredi devant les Assises pour le meurtre de cinq de ses nouveau-nés dont les corps ont été retrouvés à Louchats en Gironde, le 19 mars 2015…
Elsa Provenzano

E.P. avec AFP

Le procès pour cinq infanticides de nourrissons, dont les corps ont été découverts en mars 2015 dans une maison de Louchats, dans le sud Gironde, se poursuit devant la Cour d’Assises jusqu’à vendredi. Ce mercredi l'accusée Ramona Canete, 37 ans, a tenté d’expliquer mercredi ses actes par « l’enfermement » qu’elle vivait dans son couple, évoquant un « déni total » de ses grossesses toutes menées à terme.

« Si j’en suis arrivée là, c’est par ce manque de liberté, cet espace de liberté que je n’ai pas eu, avoir le choix de mon médecin, pouvoir me faire suivre correctement », a expliqué cette mère de famille de deux filles de 17 et 19 ans.

C’est là, dans la maison familiale, que le 19 mars 2015, une de ses filles avait découvert un cadavre de nourrisson dissimulé dans un sac isotherme. Les gendarmes avaient ensuite retrouvé quatre autres nourrissons dans un congélateur du domicile, vraisemblablement tués entre 2007 et 2015.

« Je pleure pendant les rapports »

Interrogée sur les faits qu’elle reconnaît, l’accusée, longs cheveux noirs, frêle silhouette, a décrit des « rapports sexuels non consentis » avec son mari, Juan Carlos Canete, un agriculteur de 42 ans. « Il est demandeur, insistant. J’exprime mon refus, je pleure pendant les rapports, je pleure après les rapports », relate l’ancienne horticultrice.

Au président, Jérôme Hars, qui s’étonne que cela n’ait pas été mentionné pendant l’instruction, elle répond : « le viol entre époux, ça existe. Ça peut s’apparenter à ça ». Décrit comme « très jaloux, voire violent », allant jusqu’à surveiller sa femme, le père de famille, disculpé pendant l’instruction, a réaffirmé à l’audience qu’il n’avait jamais rien su des cinq grossesses de son épouse.

« J’avais du dégoût pour mon mari. Je me suis forcée à avoir des rapports avec lui pour que mes filles n’entendent pas les disputes », dit l’accusée. Selon elle, ce dégoût remonterait au moment où elle a été informée que deux plaintes avaient été déposées à l’encontre de Juan Carlos pour « exhibitionnisme ».

A partir de ce moment-là, « j’ai fait un blocage total sur mon mari, il n’y avait plus de dialogue possible », dit-elle. En 2006, enceinte, elle avait pourtant eu recours, en accord avec son époux, à une interruption volontaire de grossesse. « En 2006, je n’étais pas encore au courant de son exhibitionnisme », se justifie-t-elle.

« Ces grossesses, je les ai cachées aux autres et à moi-même. J’étais dans un enfermement, je ne voyais pas d’issue. J’ai à peine conscience que je suis enceinte. Je ne pouvais pas y penser, je ne voulais pas y penser », souffle-t-elle. « Dans ma tête, c’est un déni total ».