PROCESCinq nourrissons retrouvés congelés, la mère jugée à partir de ce lundi

Infanticides de Louchats: Ramona Canete, «une personne normale qui a commis des crimes extraordinaires»

PROCESRamona Canete, la mère des cinq nourrissons retrouvés congelés à Louchats en Gironde en mars 2015, sera jugée à partir de ce lundi devant la cour d’Assises de la Gironde pour meurtres sur mineurs…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Au printemps 2015, le père de famille avait donné l'alerte après la découverte du corps d'un bébé dans un sac isotherme. Les gendarmes avaient retrouvé les corps de quatre autres nourrissons dans un congélateur de la maison.
  • Un non lieu a été prononcé par la chambre d'instruction concernant le père, qui avait été mis en examen pour non-dénonciation de crimes et recel de cadavres dans un premier temps.
  • L'association « Innocence en danger », partie civile dans ce procès, espère comprendre ce qui s'est passé, et comment l'accusée a pu accoucher cinq fois sans que son entourage soit au courant.

Le 19 mars 2015, Juan-Carlos Canete, 42 ans, avait donné l’alerte après la découverte par l’une de ses deux filles, toutes deux adolescentes, du corps d'un nourrisson dans un sac isotherme, au domicile familial situé à Louchats en Gironde. A leur arrivée sur place, les gendarmes découvrent les corps de quatre autres nourrissons dans le congélateur de la maison.

Sa femme, Ramona Canete, 38 ans, en détention provisoire depuis 2015, est jugée à partir de ce lundi et jusqu’à vendredi devant la Cour d’Assises de la Gironde pour meurtres sur mineurs. Un non lieu a été prononcé par la chambre d'instruction concernant le père, qui avait été mis en examen pour non-dénonciation de crimes et recel de cadavres dans un premier temps. Sur les bancs des parties civiles, on trouve principalement la famille de l’accusée. Le père ne s’est pas constitué partie civile.

Pas de déni de grossesse ?

« Le rôle de l’association de protection de l’enfance n’est pas celui du Parquet, explique maître Nathalie Bucquet, qui représente l'association Innocence en danger, partie civile également. Il ne s’agit pas de tirer sur l’ambulance mais de comprendre ce qui s’est passé pour que cinq petits enfants viables aient eu une mort tragique ».

Selon elle ce n’est pas la question du déni de grossesse qui va être au cœur des débats. « Elle était parfaitement consciente de ses grossesses et elles les dissimulaient », estime-t-elle. La défense ne sera certainement pas en accord avec cette analyse. Si pendant l’instruction la mère a répondu aux questions, elle a été incapable de dater ses grossesses, qui ont toutes été menées à terme. La période de prévention retenue dans cette affaire va de 2009 à 2015.

Altération du discernement ?

Après la découverte des corps, la mère avait séjourné dans une unité de soins psychiatriques, avant d’être placée en détention provisoire à la maison d’arrêt de Gradignan. Si après expertise psychiatrique de la mère, les spécialistes ont conclu qu’elle était accessible à une sanction pénale, estimant que son discernement n’était pas aboli, maître Nathalie Bucquet affirme que la question d’une possible altération de son discernement devrait occuper une partie des débats.

Poursuivie pour meurtres sur mineurs, elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité et si une altération de son discernement était reconnue, la peine encourue serait alors réduite à 30 ans de prison.

« La relation du couple est différente mais cette affaire fait penser à celle de Véronique Courjault », pointe l’avocate. De nombreuses questions restent sans réponse et l’association espère que le procès permettra de comprendre les gestes de « cette personne normale qui a commis des crimes extraordinaires ».