Marseille: Cocktails, «VSD», certificat médical... Le procès de Polnareff contre son producteur pour diffamation mis en délibéré
CONCERTS ANNULÉS•Michel Polnareff avait porté plainte contre Gilbert Coullier, son producteur, pour diffamation après l’annulation de deux concerts en 2016…Adrien Max
L'essentiel
- Le tribunal correctionnel de Marseille devait se prononcer sur la plainte pour diffamation de Michel Polnareff envers son producteur Gilbert Coullier.
- Me Veil, l’avocat du producteur a demandé la relaxe car « les propos tenus sont vrais, le reste relevant de l’interrogation ».
- Me Febrarro, l’avocat du chanteur estime que les sous-entendus du producteur ont amené à une campagne discréditant son client.
- Le jugement a été mis en délibéré au 23 mars.
Comme prévu, Michel Polnareff n’était pas présent à l’audience. Le tribunal correctionnel de Marseille devait se prononcer ce vendredi matin sur la plainte déposée par le chanteur à l’encontre de son producteur, Gilbert Coullier, pour diffamation. Ce dernier s’était interrogé sur la véracité de la maladie de Michel Polnareff, qui l’avait obligé a annulé deux concerts, à Paris et à Nantes, en décembre 2016.
Une interview donnée par le producteur sur les ondes d’Europe 1, le 13 décembre 2016, était au centre des débats. Par la voix de son avocat, Me Febrarro, Michel Polnareff reproche sept propos diffamatoires à Gilbert Coullier dans cette interview de six minutes. L’artiste se décrit comme « un chanteur de renommée mondiale, ayant fait une série de concerts exceptionnels », et que ces propos ont porté atteinte à sa considération.
Vin et cocktails
Tout part du 2 décembre 2016, date à laquelle Michel Polnareff doit se produire à la salle Pleyel, à Paris. « Mes employés m’avertissent que Michel Polnareff ne veut pas monter sur scène alors qu’il est en train de boire des cocktails au bar, son garde du corps me confirme la situation », explique Gilbert Coullier, qui fait constater la présence du chanteur au bar par un huissier et récupère la facture de 504 euros pour des plats et des boissons, dont du vin et des cocktails « car c’est moi, le producteur, qui payait la note ».
Le lendemain, Le Figaro, par la voix d’une journaliste qui serait la fille de l’attachée de presse du chanteur, annonce l’hospitalisation de Michel Polnareff à 14h50, alors que sa voiture arrive à l’hôpital américain à 15h06. Gilbert Coullier dénonce un « coup de communication » et émet des doutes sur la véracité du certificat médical délivré par un « généraliste » et non pas un « spécialiste ».
Sous-entendus
Gilbert Coullier explique avoir donné cette interview, pour « répondre aux attaques de l’attachée de presse et du médecin de l’hôpital américain laissant entendre que je souhaitais sa mort ». Me Febrarro affirme, lui, que les hostilités ont été lancées deux jours plus tôt par un article du JDD, « ne laissant que peu de doute sur la source du journaliste, qui vient très certainement de l’entourage du producteur ».
Me Febrarro ne considère pas comme diffamatoires ces affirmations concernant la présence au bar du chanteur, son arrivée à 15h06 à l’hôpital américain, mais « qu’il laisse sous-entendre que Michel Polnareff a pu faire du cinéma pour la première annulation, ce qui relèverait de l’escroquerie, et que son arrivée à l’hôpital américain aurait pu être orchestrée ».
« Sa défense consiste à dire qu’il est de bonne foi, mais s’il l’était, il se serait excusé après avoir vu le dossier médical. Mais non, il persiste. Tout comme dire que ces propos ne sont pas diffamatoires. Il n’y a qu’à voir l’interprétation qui a pu être faite dans les articles de presse à la suite de l’interview. VSD a fait sa Une sur “Michel Polnareff, malade ou escroc ?” », avance Me Febrarro, qui réclame 300.000 euros de dommages et intérêts pour son client.
« Désolé d’avoir accaparé votre tribunal pour un dossier qui est vide »
Me Veil, l’avocat de Gilbert Coullier, considère que c’était VSD qu’il fallait attaquer pour diffamation : « Les offres de preuve ont été apportées par mon client pour montrer que les faits évoqués dans les passages s’appuyaient sur des éléments formels, pour le reste il ne s’agit que d’interrogations. »
Il a demandé la relaxe pure et simple pour son client, car la diffamation n’est pas caractérisée. « Je suis désolé d’avoir accaparé deux heures à votre tribunal pour un dossier qui est vide », a-t-il déclaré. Il demande également la condamnation de Michel Polnareff pour abus de constitution de partie civile. Le jugement a été mis au délibéré au 23 mars prochain.