Affaire Fiona: « Cécile s’en veut de ne pas avoir protégé la petite », assure sa mère
PROCES•La mère de Cécile Bourgeon, Françoise Verschoote est venue témoigner, ce jeudi, à la barre de la cour d’assises de la Haute-Loire...Vincent Vantighem
A la cour d’assises de la Haute-Loire, au Puy-en-Velay,
Elle n’a pas manqué une seule minute du procès. Préférant même rester dans le prétoire pendant les suspensions d’audience, quitte à faire passer le temps en remplissant des grilles de mots fléchés sans un bruit. Alors, jeudi, quand le président de la cour d’assises de la Haute-Loire a appelé Françoise Verschoote à la barre, les mots se sont logiquement bousculés dans sa tête et dans sa bouche.
« Je suis là pour assister aux débats. Pour Fiona. Pour savoir la vérité. Pour comprendre ce qu’il s’est passé. Dans l’espoir de la retrouver », a-t-elle attaqué veillant à ne rien oublier de la liste qu’elle avait visiblement préparée. Et puis, une fois sa respiration reprise, elle a lâché : « Je suis là pour parler de Cécile, bien sûr. »
Berkane Makhlouf « criait tout le temps »
Recroquevillée dans son box, planquée sous sa frange et camouflée dans son épais col à fourrure, Cécile Bourgeon semble pourtant n’avoir pas un regard pour sa mère. Et pourtant, entre la justice et sa fille, celle-ci a choisi sa fille qu’elle est, d’ailleurs, l’une des seules à visiter en prison. « Cécile s’en veut de ne pas avoir fait ce qu’il fallait, de ne pas avoir protégé Fiona et d’avoir laissé faire… »
La phrase reste volontairement en suspens. Mais c’est à Berkane Makhlouf que la grand-mère de Fiona pense à ce moment là. Quand elle en vient à parler de lui, son ton habituellement doucereux devient tout d’un coup cassant. « Il criait tout le temps. » « Il était instable. » Surtout, depuis les faits, Françoise Verschoote a découvert qu’il frappait sa fille. Et ses petites-filles aussi, laisse-t-elle entendre à la cour…
Des miettes de vie et des kilomètres avalés
Alors elle ne le dit pas mais c’est lui qu’elle désigne, en creux, comme le responsable de tous les malheurs. Pourtant, sa fille n’est pas exempte de tout reproche. Elle se droguait, délaissait ses enfants, était une « mère indigne » de son propre aveu. Mais Françoise Verschoote ne l’a découvert que trop tard. Et elle s’en veut encore aujourd’hui. « On avait un relationnel pas simple. J’essayais de l’aider mais… »
Alors Françoise Verschoote prenait les miettes de vie que sa fille lui laissait de temps à autres depuis qu’elle avait quitté la maison familiale à l’âge de 15 ans. Et avalait les kilomètres entre Perpignan et Clermont-Ferrand dès qu’il y avait une occasion de s’occuper de ses petites-filles. Comme s’il fallait corriger ce qu’elle n’avait pas su faire avec sa propre fille, vingt ans plus tôt.
« Vous inquiétez pas. On se parle avec ma mère… »
Les deux mains bien à plat sur la barre, la grand-mère en vient à s’excuser quand elle parle de Fiona. Mais c’est la seule fois où elle apparaît vraiment libérée. « C’était un petit soleil. Elle était gaie, adorable. Un jour, elle a réclamé une carabine en plastique pour jouer avec les garçons… »
A la recherche de la vérité depuis trois procès, Marie Grimaud, avocate d’Innocence en danger, ne peut pas manquer l’occasion qui se présente devant elle. Elle prend à partie Cécile Bourgeon dans son box en lui disant que sa propre mère a besoin de connaître la vérité. Peine perdue… « Mais vous inquiétez pas… On se parle avec ma mère. Elle n’a pas envie de vous dire les choses. C’est tout. »
L’espoir de connaître la vérité retombe. Françoise Verschoote rejoint son banc où traînent encore ses grilles de mots fléchés. De l’autre côté du prétoire, sa fille encourt une peine de trente ans de réclusion criminelle. Elle sera fixée sur son sort samedi soir.
Continuez à suivre le procès sur le compte Twitter de notre journaliste : @vvantighem