Toulouse: L’Etat épinglé pour «faute lourde» 30 ans après le meurtre sordide et non élucidé d’une mère de famille
JUSTICE•Trente ans après le meurtre non élucidé d’Hadja Benyoucef, mère de famille toulousaine, les errements de l’enquête viennent d’être officiellement reconnus par la justice…H.M. avec AFP
L'essentiel
- Hadja Benyoucef, mère de deux enfants, a été retrouvée morte à son domicile toulousain en novembre 1987.
- La justice a d’abord suivi la piste improbable d’un suicide.
- D’errements en vices de procédure, ce meurtre n’a jamais été élucidé.
- Mince consolation pour la famille, elle vient d’obtenir la reconnaissance d’une « faute lourde » de l’Etat.
Un suicide. Voilà la piste qu’a longtemps suivie la justice après la découverte du corps d’Hadja Benyoucef, en novembre 1987, dans son appartement toulousain. C’est son petit garçon de sept ans qui l’a retrouvée. Elle avait une couche enfoncée dans la bouche, un couteau en travers de la gorge et un cordon de douche qui l’étranglait…
Un suicide officiel mais improbable
Cette erreur d’appréciation à la base est probablement l’un des éléments qui a conduit ce lundi 15 janvier le tribunal civil de Toulouse à pointer une « faute lourde de l’Etat » dans ce dossier. Une décision qui va permettre d’indemniser la famille pour trente ans de calvaire et de combat judiciaire, durant lesquels Sénussia, la sœur d’Hadja, n’a jamais renoncé, notamment pour son neveu et sa nièce.
Et pourtant il y aurait eu des raisons d’abandonner. Un homme, connaissance de la victime, a été inquiété puis relâché. Le dossier Hadja a ensuite été rouvert en 2002 dans le cadre de l’affaire Alègre quand les gendarmes se sont intéressés aux meurtres de femmes non résolus. La piste du tueur en série a été refermée mais le rebondissement a permis l’exhumation du corps d’Hadja en 2004 et de refermer définitivement la piste du suicide.
Enfin, l’homme déjà entendu, a été renvoyé devant les assises pour meurtre. Mais la procédure a été purement et simplement annulée pour vice de procédure.
Une décision « courageuse »
Les enfants et la sœur d’Hadja ne connaîtront probablement jamais la vérité. Le montant de leur indemnisation n’a pas été dévoilé. Mais « ce n’est pas l’argent qui intéresse mes clients, souligne Kamel Benamghar, l’avocat de la famille. Elle voulait que la faute lourde soit reconnue, ce qui est le cas ». Il qualifie la décision du tribunal d'« importante et courageuse ».