Nice: Le procès d'une responsable d'Amnesty International pour aide aux migrants reporté
FRONTIERE•Le tribunal correctionnel de Nice lui reproche d’avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière…Mathilde Frénois
Elle est la responsable d’Amnesty international à Nice. Depuis 2002, elle participe aux missions de conseil et d’accompagnement des mineurs isolés. Mais, lundi, Martine Landry s’est retrouvée à la barre du palais de justice de Nice… avant que son procès ne soit renvoyé. Le tribunal lui reproche d’avoir, le 28 juillet, facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière.
Et c’est justement sur la minorité des deux Guinéens qu’elle a pris en charge que le tribunal n’a pas pu débattre ce lundi. Estimant un manque de documentation à propos de ces deux jeunes migrants, la procureure a demandé un renvoi, accordé par le tribunal.
Une première pour Amnesty International France
Martine Landry a rencontré les deux Guinéens à la gare de Menton Garavan. Ils ont été renvoyés à deux reprises en Italie par les agents français. « Ils avaient des papiers et ont le droit à un accueil en France. Je ne fais qu’appliquer les lois françaises », assure-t-elle. La militante décide alors, le 28 juillet, de les faire passer du poste frontière italien au poste frontière français. Un passage de la frontière qui lui vaudra ce passage devant la justice.
« C’est la première fois qu’une de nos militantes est poursuivie, déplore Sylvie Brigot Vilain, directrice générale d’Amnesty International France qui a fait le déplacement jusqu’à Nice. Nous demandons que les lois françaises soient appliquées et que l’on arrête de criminaliser les migrants et les gens qui leur viennent en aide. »
« Non au délit de solidarité »
A l’extérieur du palais de justice, plus de 100 personnes se sont rassemblées lundi pour dire « Non au délit de solidarité » et pour demander la « justice pour Martine ». « Au lieu de faire le procès d’une militante et de son geste, on devrait faire le procès de l’Etat français qui a renvoyé des mineurs », estime David Nakache du collectif Tous citoyens. Egalement sur les marches du palais de justice, Laura, une militante italienne, veut attirer l’attention sur « l’inhumanité de la situation à la frontière ».
La nouvelle audience est donc reportée au 14 février à 13h30. Martine Landry encourt cinq ans de prison et 30.000 euros d’amende.