Corse: Importants coups de filets dans le milieu pour éviter une nouvelle guerre?
MILIEU CORSE•Plusieurs arrestations font vasciller le milieu corse à la suite de la fusillade devant l'aéroport de Bastia...Adrien Max
L'essentiel
- Après une douzaine d’interpellations la semaine dernière sur fond de trafic de stupéfiant, Jacques Mariani, une figure du grand banditisme corse, a été arrêté ce lundi.
- Ces arrestations interviennent à la suite du règlement de compte à l’aéroport de Bastia, même si officiellement aucun lien n’est établi.
- Ces arrestations pourraient avoir lieu pour prévenir une nouvelle guerre entre les héritiers de la Brise de mer, une bande criminelle corse.
Coups de filets dans le milieu corse. Après plusieurs arrestations la semaine dernière en Corse et à Marseille, dans le cadre d’un trafic de stupéfiant entre le continent et l’île, c’est l’une des figures du grand banditisme corse qui a été arrêté lundi matin en Loire-Atlantique : Jacques Mariani.
aArrêté officiellement dans le cadre d’une enquête pour extorsion de fonds, il est le fils et l’héritier de Francis Mariani, l’un des fondateurs de la Brise de mer, une bande criminelle de Haute-Corse dont les protagonistes se sont entre-tués à partir de 2008. Francis Mariani avait été lui-même tué en 2009 lors de l’explosion, sans doute criminelle, d’un hangar dans lequel il préparait des explosifs.
L’ombre de la Brise de mer
La semaine dernière, douze personnes avaient déjà été interpellées dans le cadre d’un trafic de stupéfiant, dont Christophe Guazzeli, qui serait l’une des têtes pensantes du réseau. Il n’est autre que le fils de Francis Guazzeli, également l’un des membres fondateurs de la Brise de mer.
Un Marseillais, Hafid B., a aussi été interpellé dans le cadre de cette enquête. Selon Le Point, il aurait été rapidement exfiltré vers le continent peu après la fusillade.
a« « Il est arrivé sur le tard au contact des frères Guazzelli sur le trafic de stupéfiants. A-t-il été recruté pour abattre les deux victimes ? L’enquête devra le déterminer. Mais ce ne serait pas la première fois que des Corses feraient appel à des continentaux pour leur basse besogne », confiait une source à l’hebdomadaire. »
Si ces interpellations ne découlent pas officiellement du règlement de compte perpétré le 5 décembre dernier devant l’aéroport de Bastia, elles semblent donc étroitement liées. Antoine Quilichini avait été abattu de tirs de kalachnikov alors qu’il venait récupérer Jean-Luc Codaccioni, un ami, en permission sur le continent, qui est finalement décédé de ses blessures une semaine plus tard. « Il y avait une fenêtre de tir de quelques secondes seulement parce que ces mecs sont toujours armés normalement. Il fallait un renseignement costaud », a déclaré à La Provence un fin connaisseur de ce milieu.
Vendetta
Les deux compères étaient des proches de Jean-Luc Germani, un des opposants farouches du clan Mariani/Guazzeli, qui avait été suspecté d’être à l’origine de la mort de Francis Mariani. Un assassinat qui était intervenu, selon les rumeurs dans le milieu, pour venger la mort de Richard Casanova, beau-frère de Jean-Luc Germani, à l’origine du « casse du siècle », contre l’Union des Banques Suisses, et également fondateur de la Brise de Mer, organisation chargée de faire fructifier le butin.
aLe clan de la Brise de mer s’était finalement divisé sur fond de profond désaccord entre Francis Mariani et Richard Casanova. Celui-ci a été abattu à Porto-Vecchio le 23 avril 2008, alors que Francis Mariani le suspectait d’une tentative d’assassinat perpétré quelques mois plus tôt.
Eviter une nouvelle guerre
Si le lien entre ces arrestations et le règlement de compte devant l’aéroport de Bastia ne peut être établi pour le moment, il est certain que le double assassinat a précipité ces interpellations. Un proche de l’affaire confie au Point :
« « Plusieurs membres de cette équipe de trafiquants se sont soudainement agités le matin de l’assassinat d’Antoine Quilichini et de Jean-Luc Codaccioni avant de disparaître dans la nature » »
Plus que pour mettre à l’ombre les responsables du règlement de compte, les enquêteurs ont visiblement cherché à éviter le début d’une nouvelle guerre dans le milieu corse. « La police judiciaire est passée à l’action pour éviter que les gens ne disparaissent ou aillent se cacher, tout ce petit monde commençait à devenir très nerveux », explique une source policière. « Ça finira mal, mais ça finira en beauté », croyait savoir un des protagonistes du conflit dans les colonnes du JDD. « Le jour où ça va partir, il y en aura pour tout le monde », prévenait un autre.