Un banquier escroquait sa cliente: 18 mois de prison avec sursis requis par le tribunal de Bobigny
PROCES•Il avait siphonné l’épargne d’une de ses clientes âgée de 89 ans…20 Minutes avec AFP
Comment en est-il arrivé là ? « Craquage » d’un employé « surmené » excédé par une cliente « raciste », ou ingénieuse « escroquerie » ? Dix-huit mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve ont été requis ce jeudi à Bobigny contre un jeune banquier, qui avait détourné près de 400.000 euros appartenant à une cliente octogénaire. Aux yeux de la procureure qui a aussi requis l’interdiction d’exercer le métier de banquier, les faits sont « inqualifiables ». Le jeune conseiller en patrimoine, poursuivi pour « escroquerie » et « blanchiment », a « profité de la faiblesse d’une personne » pour la déposséder des « économies de toute une vie ».
En quelques mois, cet homme qui venait d’être embauché à l’agence LCL d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), a siphonné l’épargne de l’une de ses clientes âgée de 89 ans. La fraude a pris fin lorsque le directeur de l’agence, inquiet d’un brusque changement d’adresse de la cliente, a fait un signalement et a découvert que l’adresse correspondait en réalité à l’un des deux appartements du banquier.
« J’ai demandé plusieurs fois qu’elle ne soit pas gérée par moi »
A la barre, épaules voûtées mais discours assuré, cet homme de 27 ans, qui venait de terminer ses études par un mémoire sur la déontologie bancaire, a décrit par le menu sa « descente aux enfers », le « suicide professionnel » de quelqu’un qui n’a pourtant « jamais volé un bonbon ».
Frustré de ne pas occuper un poste à la hauteur de ses espérances, fatigué d’enchaîner les « journées trop longues », il raconte une « conjonction d’éléments » qui l’ont mis dos au mur et l’ont fait « disjoncter ». Il grossit, jusqu’à peser « 130 kilos », ne dort plus. La « goutte d’eau » ? Les « insultes racistes » proférées par la cliente. « Insanités » qu’il n’a pas souhaité répéter à la barre. « Je m’en suis plaint, j’ai demandé plusieurs fois qu’elle ne soit pas gérée par moi », mais la « hiérarchie a fermé les yeux ».
Des lingots d’or sur sa table de chevet
Dans ses appartements, les enquêteurs retrouvent vêtements coûteux et matériel high-tech, certains encore dans leur emballage. « Rien n’a été réfléchi », soutient le banquier. « J’achetais des vêtements L alors que je portais du triple XL, des sacs de voyage alors que je ne quittais pas la France ».
Mais pourquoi avoir aussi acheté avec l’argent détourné un appartement et quatre lingots d’or, retrouvés sur sa table de chevet par les policiers ? Le tribunal est interloqué par la réponse : « je savais que j’allais être jugé, condamné. Donc mon calcul a été très simple, je les ai achetés en espérant que le jour où ils soient saisis et revendus il y ait une plus-value. J’ai investi l’argent pour pouvoir rembourser ».
La décision du tribunal doit être rendue le 12 janvier.