Marseille: Les «apprentis sorciers» du glyphosate (entre autres) condamnés à de la prison avec sursis
JUSTICE•Ils étaient jugés pour un vaste trafic de pesticides...J.S.-M. avec AFP
L'essentiel
- De lourdes amendes mais aucune peine de prison ferme n'a été prononcé dans l'affaire du trafic international de pesticides, jugée à Marseille.
- Dans un second volet, qui doit être jugé en 2018, les trafiquants utilisaient un produit à base de Glyphosate.
Lors de ses réquisitions, le procureur avait décrit des « apprentis-sorciers qui se sont engouffrés dans les brèches de la réglementation pour inonder le marché français. » Des peines allant jusqu’à quatre ans de prison avec sursis et des amendes dépassant les 100.000 euros ont été prononcées, ce mercredi, à Marseille, à l’encontre des protagonistes de ce trafic international de pesticides, rapporte l’AFP.
Grossiste allemand et magnat sud-africain (basé à Monaco)
Michaël Merath, grossiste allemand de pesticides, a écopé de quatre ans de prison avec sursis et d’une amende de 75.000 euros pour mise sur le marché sans autorisation de produits phytosanitaires et tromperie aggravée. Un des produits illicitement distribués en 2006 contenait un insecticide très toxique pour ses utilisateurs, à la place d’un fongicide.
Propriétaire de sociétés monégasques d’importation de ces produits, Robert Maingard, 81 ans, magnat sud-africain du commerce de produits chimiques, a été condamné à deux ans de prison avec sursis et une amende de 35.000 euros. Le responsable de ces sociétés, Aristide Coco, s’est vu infliger une peine de 18 mois de prison avec sursis et une amende de 15.000 euros.
La distribution auprès des groupements de maraîchers et agriculteurs était assurée en France par Chimik 2 Paris, « une entreprise créée pour la fraude » selon l’accusation, dont le responsable Alain Bandrier écope d’un an de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende.
Un produit trafiqué à base de glyphosate
Présenté comme une « éminence » dans la chimie européenne, Alain Goubel, patron de la Société Industrielle de Produits Chimiques (SIPC) installée à Courchelettes (Nord) qui stockait les produits et en fabriquait quelques-uns est condamné à 18 mois de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende. Plusieurs sociétés appartenant aux prévenus ont également été reconnues pénalement responsables par le tribunal, et ont écopé d’amende allant jusqu’à 175.000 euros.
Le tribunal a alloué plus d’un million d’euros de dommages et intérêts à trois fabricants européens de produits phytosanitaires, ainsi qu’à un groupement d’utilisateurs. Dans un second volet du dossier, qui sera jugé en 2018, ce sont 100.000 litres d’un herbicide à base de glyphosate qui auraient été commercialisés par ces sociétés, selon Le Monde.
Polémique en France
Le projet d'interdiction du glyphosate, herbicide classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer, fait polémique en France depuis plusieurs semaines. « Nous en savons assez pour dire qu’il faut sortir du glyphosate », a affirmé le ministre de l’Ecologie Nicolas Hulot, ce week-end, auprès du JDD. Il n’a pas donné d’échéance précise.