Affaire Fiona: Le procès en appel de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf est renvoyé
PROCÈS•Le président de la cour d'assises a annoncé que le procès était renvoyé, en raison d'un incident d'audience survenu vendredi...Vincent Vanthighem
L'essentiel
- Le procès en appel de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf est renvoyé.
- La décision a été prise à la suite d'un incident d'audience survenu vendredi.
- L'affaire sera rejugée à partir du 29 janvier au Puy-en-Velay.
Au Puy-en-Velay (Haute-Loire), Vincent Vantighem
« La prise d’otages a fonctionné ! », peste Marie Grimaud sur les marches du palais de justice du Puy-en-Velay. La cour d’assises de Haute-Loire a renvoyé, ce lundi matin, le procès en appel de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf. Jugés pour les coups ayant entraîné la mort de la petite Fiona, 5 ans, sans intention de la donner, ils ont désormais rendez-vous le 29 janvier 2018, à 14 heures, pour ce qui sera le troisième procès consacré à l’affaire.
La plupart des avocats des parties civiles ont eu beau se battre, pendant une heure, ce lundi matin pour que les débats se poursuivent, la cour d’assises, « sans l’assistance des jurés populaires », a finalement donné raison aux avocats de la défense qui estimaient que « les conditions normales d’impartialité » n’étaient plus réunies pour que le procès, commencé lundi 8 octobre, continue.
Un incident survenu vendredi matin
Cette décision faite suite à un incident survenu, vendredi à l’audience, quand Marie Grimaud, l’une des avocates des parties civiles, a mis en doute le témoignage d’une ancienne connaissance des accusés, favorable à leur défense. A cette occasion, l’avocate avait indiqué que le témoin avait été assisté, lors d’une garde à vue consacrée à l’affaire, par Mohamed Khanifar, avant que celui-ci ne devienne l’avocat de Berkane Makhlouf, laissant planer un doute sur une possible collusion et subornation de témoin.
Qualifiant ces accusations « d’indignes et déplacées pour ne pas dire perverses », les avocats de la défense Renaud Portejoie et Mohamed Khanifar avaient donc demandé, ce lundi matin, le renvoi officiel du procès. « La mise en cause de notre probité a pu avoir un impact sur les jurés actuels, développe Renaud Portejoie qui défend la mère de Fiona. Pour nous, il était essentiel de reporter ce procès devant une cour d’assises composée de nouveaux jurés. »
Interrogé à ce propos ce lundi matin, Berkane Makhlouf, a abondé en ce sens depuis le box: « Je préfère être jugé rapidement mais si c’est pour subir une injustice, c’est pas la peine. »
Comment le père de Fiona tient debout ?
Ce sera donc le 29 janvier, que le procès en appel se tiendra. Et les débats recommenceront une nouvelle fois à zéro, plus de quatre ans après les faits. Ils se tiendront encore au Puy-en-Velay et seront de nouveau présidés par Etienne Fradin, dans une atmosphère qui s’annonce d’ores et déjà électrique.
« Ce renvoi ne sert à rien, précise ainsi Marie Grimaud, partie civile et avocate de l’association Innocence en danger. Les avocats de la défense ont indiqué qu’ils souhaitaient mon retrait. Mais je serai là en janvier et le problème se posera de nouveau ! »
De son côté, Charles Fribourg, l’avocat du père de Fiona, a déploré la décision rendue ce lundi, estimant que la justice avait été « instrumentalisée par quelques avocats ». Découvrant que son client avait quitté le palais de justice sans même le prévenir, il a lâché : « Je ne sais pas comment il tient encore debout… »
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