PROCÈSLe procès de « l’affaire Fiona » dans l’impasse

Affaire Fiona: Le procès en appel de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf dans l’impasse

PROCÈSLes dénégations des accusés et les coups de pressions de leurs avocats n’ont pas permis, pour l’instant, à la cour d’assises d’en savoir plus sur les causes de la mort de Fiona…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

L'essentiel

  • Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf sont jugés en appel au Puy-en-Velay.
  • Ils nient, tous deux, avoir porté des coups ayant entraîné la mort de Fiona.
  • S’estimant mis en cause, leurs avocats menacent de demander le renvoi du procès.

Au Puy-en-Velay (Haute-Loire), Vincent Vantighem

L’instant fut bref. Et l’espoir de connaître la vérité, grand. Malmenée, jeudi, par le témoignage d’une « amie », Cécile Bourgeon s’est alors levée pour alpaguer son ancien compagnon avec qui elle partage le box des accusés. « Tu veux jouer ? Tu veux vraiment jouer ? Alors, on va jouer… »

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Mais rattrapée par un simple regard de son avocat, la mère de Fiona s’est alors rassise sans mettre sa menace à exécution. Et la cour d’assises de la Haute-Loire qui les juge en appel pour les coups ayant entraîné la mort de la fillette, en 2013, a replongé dans la torpeur de cette journée d’automne. Pour elle, l’évidence est frustrante : le procès est dans l’impasse.

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Les accusés ne semblent pas prêts à se livrer. Et ce ne sont pas leurs avocats qui vont les y aider. S’estimant « mis en cause dans leur probité » vendredi par l’intervention d’une consœur de la partie civile, ils pourraient demander officiellement le renvoi du procès, lors de la reprise de l’audience, ce lundi matin.

Le « bleu qui déformait le visage » de Fiona

Quand bien même les débats se poursuivraient, difficile de voir ce qui pourrait éclairer les jurés sur les causes de la mort de Fiona, enterrée en mai 2013 sans que jamais personne ne la retrouve. De cette fillette, la cour a d’ailleurs peu entendu parler lors de cette première semaine de débats.

Il y a bien le frère de Cécile Bourgeon qui l’a, dans un sourire, décrite comme « une petite fille pas vraiment Barbie ». Son ancienne assistante maternelle aussi qui a parlé de son « teint terreux » la semaine de sa mort. Et une guichetière de cinéma qui a dépeint le « bleu qui déformait son visage » à ce moment-là.

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Mais faute de corps, impossible d’affirmer que cet hématome l’a contrainte à fermer à jamais ses yeux « feu d’artifice ». Et les jurés ne peuvent que se perdre en conjectures. Martelant dans un drôle d’écho qu’ils ne sont pas « légistes », Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf ont la leur. Évoquant une chute de trottinette ou un coup contre le chambranle d’une porte, ils pensent, eux, que tout cela n’est peut-être qu’un simple « accident ».

Une photo de Fiona morte en 2013 dans des circonstances troubles et dont le corps n'a jamais été retrouvé
Une photo de Fiona morte en 2013 dans des circonstances troubles et dont le corps n'a jamais été retrouvé - THIERRY ZOCCOLAN / AFP

L’un parle beaucoup, l’autre peu mais tous deux nient

Car les accusations de violences, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf les nient farouchement. En bloc et en détail. Silencieux lors du procès en première instance où il a écopé de 20 ans de réclusion criminelle, Berkane Makhlouf intervient cette fois à tout bout de champ pour démentir ce qu’on peut lui reprocher. Même les évidents coups qu’il a pu porter contre ses anciens compagnons de « défonce » et ses ex-compagnes qui ont défilé à la barre.

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Cécile Bourgeon, elle, pèse chaque mot au trébuchet. Comme s’il ne fallait donner aucune prise à l’accusation qui ne s’est toujours pas remise de son acquittement, prononcé en 2016, pour les faits criminels (elle a été condamnée à cinq ans de prison pour des délits tels que la non-assistance à personne en danger).

Mais, à force d’avoir donné des versions contradictoires depuis mai 2013, sont-ils seulement capables de retrouver la vérité au fin fond de leurs cerveaux, encore embrumés par les doses de drogues qu’ils prenaient à l’époque ? Interrogée à ce propos, Cécile Bourgeon a eu cette réflexion éloquente, mercredi. « La vérité, je l’ai donnée lors de ma troisième audition en garde à vue. Mais je ne m’en souviens plus aujourd’hui… »

Si le procès se poursuit, les jurés devront se débrouiller avec ça pour rendre leur verdict vendredi. Les accusés encourent une peine de 30 ans de réclusion criminelle.

Suivez en direct la suite du procès sur le compte Twitter de notre journaliste : @vvantighem