Affaire Fiona: Cécile Bourgeon ressort la thèse de l’accident
PROCÈS•Profitant du témoignage d’une surveillante pénitentiaire, Cécile Bourgeon a martelé que Fiona était morte d’une cause accidentelle, au troisième jour de son procès en appel…Vincent Vanthighem
L'essentiel
- Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf sont jugés en appel depuis le 9 octobre.
- Ils nient tous les deux avoir porté des coups ayant entraîné la mort de Fiona.
- Ils encourent trente ans de réclusion criminelle.
Au Puy-en-Velay (Haute-Loire),
Elle a d’abord réclamé un ballon de basket pour se détendre. Mais en fait, Cécile Bourgeon avait surtout besoin de parler. Une surveillante pénitentiaire est venue, mercredi à la barre de la cour d’assises de la Haute-Loire, raconter ce jour de novembre 2016 où la mère de Fiona s’est confiée à elle.
C’était au beau milieu du procès en première instance. Tous les soirs, Cécile Bourgeon dormait dans une prison, non loin du Palais de justice de Riom (Puy-de-Dôme). Elle avait le droit d’aller en promenade. « Ce jour-là, sans que je lui demande, elle s’est mise à me dire qu’elle avait mis des coups de pied aux fesses de la petite, raconte la surveillante. Mais que [sa mort] était un accident… »
La témoin marque un silence. Et le dernier mot prononcé reste suspendu dans cette Cour d’assises. Un « accident » ? Alors que Cécile Bourgeon et son ancien compagnon, Berkane Makhlouf, sont jugés en appel, depuis lundi, pour les violences ayant entraîné la mort de la fillette sans intention de la donner. Et que, faute de corps, il est impossible de savoir de quoi elle est vraiment morte.
Deux surveillantes, deux confessions différentes
Le président Etienne Fradin fait alors sortir l’accusée de son box pour qu’elle réagisse. « Oui, je m’en souviens, déclare alors Cécile Bourgeon. Je me souviens avoir dit que c’était un accident. Mais je n’ai jamais dit que j’avais mis des coups de pompe aux fesses. » Quitte à s’engouffrer dans une brèche, autant élargir le passage au préalable…
Mais la question n’a toujours pas changé. Comment croire cette femme qui a menti à la France entière, devant les caméras de télévision ? D’autant qu’une semaine avant cette confession, Cécile Bourgeon s’était lâchée auprès d’une autre surveillante pénitentiaire. A son tour, elle débarque à la barre. « Elle m’a dit que Berkane Makhlouf frappait régulièrement la petite, dit celle-ci. Et j’ai compris que le dernier coup avait été fatal. »
Dans un étrange sentiment de déjà-vu, Cécile Bourgeon ressort du box, s’approche de la barre et justifie la contradiction. « A ce moment-là, Berkane m’avait enfoncée. Donc, je l’ai enfoncé aussi. Mais on sait que c’est un accident… » Le principal intéressé se lève alors pour enfoncer le clou sans qu’on l’y invite. « Moi ou Cécile, je pense qu’on n’est pas des criminels ! », lance-t-il dans le micro.
« A quoi ça sert tout ça si c’est un accident ? »
Le président le fait se rasseoir, le temps que l’avocat général se calme. « Mais, bon sang de bonsoir !, gronde-t-il toujours affecté. Mais, le sac, la voiture, l’enterrement ! A quoi ça sert tout ça si c’est un accident ? ».
« On était drogués. On a paniqué. Le décès n’était pas un décès… voulu, répond calmement Cécile Bourgeon. C’est un accident. L’origine ? Je ne suis pas médecin… » Avocate de l’association Innocence en danger, Marie Grimaud tente alors de gratter la corde sensible. « Mais le visage de Fiona ? Les derniers instants de Fiona, vous vous en rappelez ? » Pas de réponse de l’accusée.
Pour cela, il faut s’en remettre à Clément, son frère, qui un peu plus tôt a été le premier, depuis lundi, à véritablement parler de Fiona avec émotion. « Elle avait pas peur de faire du vélo ou de tomber. C’était pas une petite fille Barbie. Elle avait du potentiel… » S’il n’a pas permis d’éclairer la cour sur les raisons de la mort, il lui a au moins permis de comprendre pourquoi elle est réunie jusqu’au 20 octobre.
Suivez en direct le procès sur le compte Twitter de notre journaliste : @vvantighem