HISTOIREPourquoi le Territoire de Belfort ne fête « que » ses 100 ans en 2022

Territoire de Belfort : Pourquoi le département ne fête « que » ses 100 ans en 2022

HISTOIRELa plupart des départements français avaient vu le jour bien plus tôt, en 1790
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Le Territoire de Belfort célèbre les 100 ans de sa création ce 11 mars 2022.
  • Pourquoi a-t-il été créé seulement en 1922, soit 132 ans plus tard que la plupart des départements français ? Réponse avec le directeur adjoint des archives du Territoire de Belfort.
  • Pourquoi a-t-il pris le numéro 90 ? Là aussi, on vous explique !

Un timbre spécial pour l’événement, un gala, des œuvres d’art éphémères et même une reconstitution historique du siège de la ville… Le Territoire de Belfort va largement fêter son centenaire à partir de ce vendredi 11 mars. Tout pile un siècle après sa création.

Ce samedi-là (si, si, on a vérifié !) de 1922, la publication d’un décret avait alors permis à l’administrateur de l’arrondissement, Abel Maisonobe, d’en devenir le préfet. « Cela avait marqué officiellement la naissance du département », explique Jean-Christophe Tombirini, directeur adjoint des archives du Territoire de Belfort. « Cela avait aussi mis fin à une ambiguïté historique. » Qui durait depuis un peu plus de cinquante ans.

Pourquoi ? Car Belfort et 105 communes alentour ont longtemps été liées au Haut-Rhin. « On suivait la destinée de l’Alsace depuis 1324 et quand les départements français ont été créés en 1790, on en faisait logiquement partie, poursuit le spécialiste. On y a vécu tranquillement jusqu’en 1870 et la guerre contre la Prusse. »

« Place défensive importante »

La défaite française et l’armistice ont alors tout changé. « Bismarck a exigé l’annexion de l’Alsace et de la Moselle donc on aurait dû être rattachées mais Thiers, le chef du gouvernement, a refusé. Il voulait garder Belfort car c’était une place défensive importante. Les négociations ont été âpres mais en mai 1871, le traité de Francfort a été signé avec 105 villages et Belfort qui restaient français. C’est la ligne du partage des eaux qui sépare le bassin du Rhin au bassin du Rhône qui avait été choisie comme frontière. Et un administrateur provisoire, pas un préfet, a été nommé pour gérer ce nouvel ensemble. Ça ne devait être que provisoire… »

Sauf que l’anomalie a donc duré un peu plus de cinquante ans. La victoire française lors de la Première Guerre mondiale aurait pourtant pu y mettre fin. « Oui mais non », s’amuse Jean-Christophe Tombirini. « Pour ne pas perdre l’adhésion des Alsaciens et Mosellans qui avaient été longtemps allemands, on ne leur a pas imposé certaines lois, comme celle de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, sur les associations etc. Dans ces conditions, c’était impossible de nous rattacher au Haut-Rhin. »

Encore une différence (mineure)

La naissance du Territoire de Belfort n’était plus très loin. Elle est officieusement arrivée lors du vote du budget de la loi de finance, en décembre 1921. « Quand on a appris qu’un nouveau poste de préfet allait être créé. Les journaux locaux de l’époque s’en étaient réjouis. » Quelques mois plus tard, c’était officiel avec le numéro 90 attribué. Sans respecter l’ordre alphabétique qui aurait pu le placer au 83e rang, après le Tarn-et-Garonne. « Non, on nous a mis après le dernier de l’époque, l’Yonne (89), c’était plus simple comme ça », sourit l’archiviste.

Depuis, le Territoire de Belfort est un département comme un autre. Ni le plus petit (qui est Paris), ni le moins peuplé (la Lozère). Seule différence : il ne possède pas de cour d’assises. Les crimes et autres graves méfaits sont jugés à Vesoul, en Haute-Saône.