En immersion dans le premier vide-greniers naturiste d’Europe

Vendée : En immersion dans le premier vide-greniers naturiste d’Europe

GRAND DEBALLAGECe dimanche, il fallait se déshabiller pour pouvoir déambuler dans les allées d’une brocante aux Sables d’Olonne
David Phelippeau

David Phelippeau

L'essentiel

  • Ce dimanche, aux Sables d’Olonne, se tenait le premier vide-greniers d’Europe, réservé aux naturistes.
  • Près d’une centaine de personnes se sont promenées nues dans les allées de cette brocante insolite.

«Bon, chérie, qu’est ce qu’on fait, on y va ? » Ce couple de Vendéens hésite. Il faut dire que le vide-greniers qui se déroule à quelques mètres d’eux est pour le moins insolite. Ce dimanche, aux Sables d’Olonne, il est réservé aux naturistes. Une première en Europe. « On vous demande de respecter notre philosophie, rappelle à l’entrée à chaque personne, Christian, président de l’association naturiste vendéenne et co-organisateur de l’événement. Vous avez le vestiaire en entrant à gauche. On vous demande de vous déshabiller et de ne garder que le masque et vos chaussures. »

C’est Nehru Hattais, le propriétaire du vide-greniers permanent des Olonnes et naturiste occasionnel, qui en a eu l’idée il y a un peu plus d’un mois. Il l’a soumise aux associations naturistes et tout s’est accéléré. « C’était un concept original, confie Ludovic Richard, président d’ Happy Nat, asso co-organisatrice. Et ça allait bien avec notre état d’esprit : ici, on recycle plutôt que de jeter. On avait l’occasion avec ce vide-greniers de joindre l’utile à l’agréable. » La date est vite trouvée : le premier week-end de juillet, ça tombe bien, c’est la journée internationale du sans maillot.

Quelques messages d’insultes…

Ce dimanche, de 9 h à 17 h, une centaine de personnes est venue chiner dans ce grand bâtiment de 600 m2 (dont les vitres ont été occultées) du vide grenier permanent des Olonnes, créée il y a six mois. 150 boxes, avec des articles aussi différents les uns que les autres (bibelots, livres, vêtements etc.), ont été installés. « J’ai reçu trois messages d’insultes sur Internet, regrette Nehru Hattais. On me disait que j’étais un sale dégoûtant de faire ça ou que c’était un bon moyen d’attraper le Covid-19. Je rappelle juste que le coronavirus, jusqu’à preuve du contraire, ne se propage pas par les autres orifices que la bouche et le nez… »

Certains ont réalisé leur première expérience naturiste ce dimanche.
Certains ont réalisé leur première expérience naturiste ce dimanche. - D.P. / 20 minutes

Ce dimanche, le public est majoritairement composé de pratiquants du naturisme. Comme Laurine, 19 ans, et Hugo, 20 ans, de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu par exemple. « C’était vraiment super, lâchent-ils en chœur. On a acheté pas mal de choses. L’ambiance était sympa car on se connaît quasiment tous entre adhérents d’assos. » Ou comme Jeff, 25 ans, « naturiste de plage, mais pas adhérent d’association », qui n’est pas du tout effrayé quand on lui indique qu’il va falloir se dévêtir.

« On peut entrer quand même habillé ? »

D’autres sont plus rétifs à l’idée de se retrouver en tenue d’Adam et Eve. Un couple de sexagénaires, originaire des Sables d’Olonne, avoue son plaisir de pouvoir se balader enfin dans un vide-greniers, après plusieurs semaines d’interdiction. « Mais euh…, il faut vraiment qu’on se dévêtisse ? On ne peut pas entrer habillé ? », lance, un peu mal à l’aise, le mari, avec son masque à la main. Aucune exception. Le couple fera demi-tour, sans pénétrer dans le grand bâtiment, avec le sourire. « Cela ne me dérange pas, mais je ne me vois pas me déshabiller aujourd’hui… », justifiera la femme.

Quelques minutes plus tard, un père, avec ses deux filles, lance quelque peu énervé : « Non, mais c’est quoi ce délire ? Faut être tout nus pour entrer ? » Aussitôt arrivé, aussitôt reparti. Pas le cas de David, un Mayennais de 42 ans. « Je n’ai jamais fait de naturisme, j’ai envie d’essayer car j’y pense depuis un moment. C’est l’occasion pour moi aujourd’hui. » Quelques secondes plus tard, le voilà privé de textile à flâner dans les allées de la brocante. « C’était sympa, pourquoi pas le refaire ? », confie-t-il en sortant, les mains vides. « L’essayer, c’est l’adopter », rit au loin, un des organisateurs.