SOCIALAux Etats-Unis, l’impressionnante chute d’une pole danseuse choque le pays

Etats-Unis : L’impressionnante chute d’une pole danseuse ouvre un débat sur la profession

SOCIALLa vidéo de l’accident devenue virale a ouvert un débat sur le statut précaire des danseuses en clubs
Maureen Songne

Maureen Songne

Quand le spectacle doit à tout prix continuer, même avec une machoire cassée. Le week-end dernier, lors d’une impressionnante performance acrobatique dans un club au Texas, une danseuse a chuté d’une barre de plus de 5 mètres de haut, la tête la première. Puis quelques secondes après, presque sans ralentir le rythme, a continué de danser en twerkant au sol.

Instantanément virale, la vidéo de cette chute spectaculaire a fait le tour des réseaux sociaux, en cumulant plus de 10 millions de vues sur Twitter. Et l’intrépide danseuse, de son véritable nom Genea Sky, s’est vue affublée du surnom «Bounce Back Stripper », ou « La strip-teaseuse qui se relève ».

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Comment a-t-elle pu survivre et continuer à danser ? », « J’espère qu’elle va bien » se demandent des internautes sur Twitter. Le 10 février dernier, Genea a pu clarifier ce qu’il s’est passé sur scène ce soir-là et répondre aux inquiétudes de certains dans une vidéo où on la retrouve la voix tremblante, au bord des larmes. Une opération chirurgicale nécessaire pour sa mâchoire brisée, des dents cassées, une entorse à la cheville, des points de sutures… Les blessures de la danseuse sont conséquentes. « C’est une période difficile pour moi, mais tout ira bien. C’est une leçon d’humilité ce que j’ai vécue, je suis reconnaissante de juste être en vie. »

Un métier précaire

Pour couvrir ses frais médicaux, des amis de Genea ont lancé une collecte de fonds sur GoFundMe, dépassant de loin l’objectif de 20.000 dollars. Dans la description de la collecte, l’emphase est mise sur le fait que son employeur ne couvrira pas ses frais et qu’elle se retrouve dans l’impossibilité de travailler pour une très longue période.

Selon TMZ, les propriétaires du club où travaille Genea pourraient tout de même l’aider financièrement. Mais ils ne comptent pas retirer les très hautes barres de pole dance qui atteignent le plafond et clament que chaque danseuse est responsable de ses chorégraphies, en niant toute responsabilité.

De quoi relancer le débat sur les conditions de travail en club des strip-teaseuses et pole danseuses, qui en plus de ne pas bénéficier de salaire minimum doivent parfois payer des frais d’entrée pour accéder aux clubs.

Le droit du côté des danseuses

Aux Etats-Unis, cela fait bien des dizaines d’années que les strip-teaseuses essayent d'acquérir plus de droits. En 2003 déjà, face à un comté de Las Vegas qui tentait d’interdire les pourboires et les « lap dance » (danse lascive sur les cuisses d’un client) car celles-ci sont en contact avec des parties génitales, un syndicat se met en place grâce à une strip-teaseuse qui a très vite su réunir des milliers de femmes.

Comme l’indique l’avocat John Gadd au Washington Post, la revendication la plus importante est d’acquérir l’obtention du statut d’employée, et d’en finir avec celui de travailleuse indépendante qui n’offre aucune protection financière, les danseuses étant dépendantes des pourboires comme revenus.

Sur le plan du droit, la jurisprudence se place du côté de ces femmes. Comme l’explique John Gadd, le fait que les clubs leur donnent des instructions sur ce qu’elles doivent porter lors des shows ou bien sur quand et comment elles doivent travailler aide à consolider les dossiers des plaignantes. Une étude remontant à 2017 a démontré que sur 75 décisions de justice fédérales, seules 3 ont jugé que les danseuses en clubs sont des travailleuses indépendantes.

En Californie, dans l’état de New York, en Géorgie et au Nevada, les plaintes de plusieurs danseuses ont permis de changer la législation pour que les propriétaires de clubs soient désormais dans l’obligation de verser des indemnités aux danseuses qui se blessent sur scène et de leur verser un salaire minimum.

a

Après une opération de sa mâchoire, Genea remercie les nombreux messages de soutien qu’elle a reçus, dans un post Instagram où on l’aperçoit en convalescence sur un lit d’hôpital. Selon TMZ, à cause de cette expérience traumatisante où elle s’est vue mourir, la danseuse ne voudrait plus faire ce métier mais souhaite trouver un moyen d’améliorer cette industrie et la vie de ses collègues.