TÊTUUn retraité manifeste seul dans sa ville, et chaque jour, contre Trump

Seul contre tous, un retraité manifeste chaque jour dans sa ville contre Donald Trump

TÊTUDepuis trois ans et malgré les vives critiques qu’il reçoit, l’homme de 71 ans ne se démonte pas
Maureen Songne

Maureen Songne

Son nom ? Ed McGinty. Sa fonction ? Être le trublion numéro 1 de sa communauté de retraités, rapporte le Washington Post. Car du haut de ses 71 ans, Ed est à la fois l’activiste démocrate le plus célèbre, mais surtout le plus clivant de The Villages​. Un complexe d’habitations haut de gamme réservé aux seniors en Floride, si grand qu’il fait la taille d’Ajaccio.

Depuis l’élection de Donald Trump en 2016, Ed McGinty consacre chaque jour deux heures pour manifester contre son président. Depuis sa golfette, moyen de déplacement préféré des habitants de Villages, il stationne stratégiquement sur l’une des routes les plus bondées pour que les conducteurs puissent admirer ses pancartes : « Trump intolérant et raciste », « Trump est un prédateur sexuel » où encore « Trump est un menteur compulsif ».

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Fin janvier, une habitante tente d’intimider l’homme et le filme dans sa golfette, parée de pancartes anti Trump. « Pourquoi pensez-vous que Donald Trump est un prédateur sexuel ? » lui demande-t-elle. Une question à laquelle Ed, qui lisait un livre sur le principal intéressé, répond calmement que le président l’a admis lui-même. En référence à l’enregistrement où Trump assume le fait d'attraper des femmes par leurs parties intimes, dans des termes bien moins courtois.

L’échange s’anime par la suite, des automobilistes klaxonnent en passant devant la golfette et une insulte destinée à Ed se fait même entendre sur l’enregistrement. La femme, identifiée comme Marsha Hill selon le journal local de the Villages, menace d’envoyer la vidéo à Donald Trump et Donald Trump Jr. « Très bien » lui répond Ed, « Et dites à Donald Trump de venir ici. Je veux lui donner un coup de poing dans la face ! »

Après l’avoir posté sur les réseaux, la vidéo s’est très vite retournée contre la « Trumpette » qui accusait aussi Ed de « blasphème » à l’encontre du président. D’innombrables internautes ont salué le courage de l’homme sur les réseaux sociaux.

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Persona non grata

Ce militantisme assidu de McGinty, c’est bel et bien la seule élection de Donald Trump qui l’a déclenché. Toujours démocrate, comme ses parents avant lui, la dernière fois qu’il s’est engagé politiquement remontait à 1968. « Quand Trump a gagné, ça a changé la donne. Je me suis dit, "C’était censé être une blague. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez ces gens" » explique-t-il au Washington Post.

Son engagement lui a aussi valu d’être isolé par sa communauté, où la très grande majorité des habitants se place du côté républicain​. Des passants lui crient des grossièretés, lui font des doigts d’honneur et il a récemment reçu une lettre de menace anonyme. Sur le plan personnel, sa femme s’inquiète pour lui et ses voisins le prennent pour un fou.

Fragilisé mais téméraire

Véritable sujet à débat, les critiques d’Ed les plus virulentes se font néanmoins sur le site d'information de la ville où plusieurs questionnent son état mental. Dans les lettres à la rédaction, des habitants se demandent si Ed et son « diabolique libéral socialisme » sont un danger national quand d’autres accusent ses fans d’être des « moutons haineux ».

Malgré l’hostilité palpable des Villagers, l’ardent militant anti Trump reçoit tout de même des soutiens discrets de démocrates de la ville, trop intimidés pour manifester avec lui. Et il n’a aucune intention de s’arrêter. « Je suis fier de défendre une bonne cause. Il n’y a jamais eu aucun doute dans mon esprit que ce que je fais est une juste cause » déclare Ed.