RESTAURATIONUne sculpture du XVIe siècle «sauvée» d'une restauration désastreuse

Une sculpture du XVIe siècle «sauvée» d'une restauration désastreuse

RESTAURATIONEn 2018, elle avait été « restaurée » par des habitants amateurs de travaux manuels qui l'ont défigurée
20 Minutes avec AFP

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Les autorités de la région espagnole de Navarre ont restauré une sculpture de Saint Georges du XVIe siècle défigurée par des habitants, dernier épisode en date d’une série de bricolages insolites du patrimoine historique.

La pièce, une sculpture ​du XVIe siècle ornée de polychromies du XVIIIe représentant le saint, à cheval, triomphant d’un dragon, se trouvait dans l’église San Miguel du village d’Estella, en Navarre.

Des dommages irréversibles

En 2018, elle avait été « restaurée » par des habitants amateurs de travaux manuels. Ils y avaient ajouté du plâtre et de l’acrylique, donnant au visage du cavalier des airs de personnage de Tintin et colorant son armure et son cheval avec un bleu-gris criard. Les autorités n’avaient pas autorisé ces travaux. Une fois « l’œuvre » devenue virale sur les réseaux sociaux, la paroisse et l’entreprise y ayant contribué avaient dû payer des amendes.

Après trois mois aux mains d’un laboratoire officiel à Pampelune pour un coût de plus de 30.000 euros payé par la paroisse, la sculpture a été correctement restaurée, a indiqué le gouvernement de la région du nord de l’Espagne. Mais la défiguration des amateurs a causé des dommages irréversibles. Les couleurs originelles du Saint Georges ont été perdues à 45 %, a expliqué Fernando Carrera, porte-parole de l’Association des conservateurs restaurateurs d’Espagne.

« Il y a un problème dans la gestion du patrimoine historique espagnol »

L’histoire rappelle l’Ecce Homo de Borja, une fresque dont la restauration désastreuse en 2012 par une habitante octogénaire avait fait le tour du monde et attiré des milliers de touristes dans ce village d’Aragon (nord). Et celle de Rañadoiro, village des Asturies (nord-ouest) où des figurines religieuses du XVe siècle ont été repeintes par une habitante avec des couleurs criardes à la limite du fluorescent.

« C’est la partie émergée de l’iceberg, il y a tant d’autres cas qui ne sortent pas dans la presse. C’est permanent, chaque jour de l’année », a commenté Fernando Carrera. « Il y a un problème dans la gestion du patrimoine historique espagnol », a-t-il ajouté en pointant le peu de respect des normes sur la restauration et leur manque de précision. « Ce doit être des techniciens formés » qui restaurent les œuvres anciennes, souligne Carlos Martinez Alava, directeur du service du patrimoine historique de Navarre, qui a été chargé du Saint Georges.